Exil au féminin

Akène n°3

Femmes en exil, le plus souvent invisibles dans leur fonction de femme de ménage, d’aide-soignante, de garde d’enfants. Mères seules avec ou sans enfants, pour un temps trop long loin de leurs familles à qui elles envoient l’argent…

Les Ukrainiennes quittent leur pays, fuient les bombes russes qui s’abattent sur leur ville et leurs enfants. Elles remettent à l’avant plan le phénomène grandissant de l’exil au féminin. Elles nous rappellent l’absence de politique d’accueil européenne ; les autres femmes, les Syriennes, les Africaines, les Sud-Américaines… Sous emprise, violentées, assignées trop longtemps aux marges de nos villes, avant de recevoir un hypothétique sésame administratif.

Le paradoxe du droit européen est qu’il n’avance que par à-coups, de crises en crises, toujours en retard sur les événements ; seule la terreur nous fait avancer.
Les entretiens singuliers, les rencontres de groupe, les ateliers, aident à supporter les souffrances, celles d’être sans identités reconnues, livrées à l’humeur de bourgeoises asociales et de patrons cupides, celles d’être tellement isolées de toute humanité. Véritables héroïnes, certaines obtiennent les papiers, se prennent en mains, réagissent, poursuivent des études, découvrent un nouveau métier, retrouvent leur famille. Nous avons donné dans ce numéro un espace à des œuvres artistiques produites par l’une d’entre elles.

Cependant, tous les parcours ne se terminent pas par un happy end. En tant que service d’éducation permanente, Le Grain souhaite porter plus loin ces voix et alimenter le combat politique contre les violences subies par ces femmes, entre exil et terres de non accueil.

A travers tout événement, toute parole donnée, il y a ce qui est dit, vu, non vu, et ce qui est entendu. Le processus de concertation géré par la Voix des femmes autour de l’application de la convention d’Istanbul est un exemple que ce que peut faire l’éducation permanente en la matière : faire remonter des recommandations depuis le terrain, car sinon, qui se saisirait de la question ?

Pour percevoir autrement la réalité des femmes en exil, ce numéro 3 d’Akène résonne de cinq poèmes originaux. Il est illustré de peintures réalisées par Luján Linnet, artiste cubaine en exil.

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