On devrait toujours avoir le choix…
…d’utiliser ou non internet dans la vie quotidienne, d’avoir le wi-fi chez soi, d’avoir un Smartphone ou même un téléphone portable…
Le recours forcé au numérique nous aliène en ce sens qu’il nous rend dépendants d’objets coûteux, polluants et rendus rapidement obsolètes par leurs constructeurs. On nous parle de « progrès », et nous ne contestons pas une certaine rapidité d’emploi du numérique pour certains usages (qui ne préfère pas envoyer un mail plutôt qu’un courrier papier ?), mais le progrès ne consisterait-il pas justement à avoir le choix ?
Le numérique nous ouvre des horizons, raccourcit les temps d’attente (sauf quand on a oublié son mot de passe et qu’on attend le mail qui nous permettra d’en changer😉…) mais pourrait-on parler de ses inconvénients ?
Quel temps nous fait-il perdre à consulter des informations dont on n’a pas besoin ? Quel temps nous fait-il perdre quand nous ne nous y retrouvons plus dans le dédale de formulaires à remplir ? Quelles compétences nous fait-il perdre aussi (trouver notre chemin, écrire à la main, mémoriser, … la liste est longue) ?
Les plus anciens se souviennent du moment où les cabines téléphoniques ont disparu du paysage. Actuellement, à Bruxelles, on assiste à une disparition rapide de tous les « guichets » (d’administrations, de banques, de mutuelles, de syndicats…). Ce qui plonge une partie grandissante de la population dans les difficultés, car écrire ou lire le français, et accéder aux sites officiels sécurisés est vite complexe. Sans parler des formulaires « standards » dans lesquels on ne se retrouve pas toujours. Les travailleurs sociaux doivent désormais consacrer une bonne partie de leur temps à jouer un rôle de « facilitateurs d’accès et de démarches informatiques online » et perdent le sens de leurs métiers.
Le passage à la 5G vient d’être autorisé en Région Bruxelloise et on nous prédit prochainement l’avènement d’une « Smartcity ». La tendance est lancée, ne pourrait-on en débattre d’abord ?
C’est ce que revendique un tissu associatif très mobilisé sur ces questions. Dans ce numéro 5 d’Akène, écrit au départ d’ateliers d’écriture collective, nous nous faisons l’écho de leurs combats, arguments et revendications, car ils sont aussi les nôtres, ceux de nous tous.tes.

PUNCH : un collectif qui pense le numérique comme un commun social
par Anaïs Teyssandier
Ancien directeur du pôle culturel de PointCulture, Pierre Hemptinne est à l’initiative du collectif PUNCH qui, par l’intermédiaire de conférences, porte une réflexion sur l’installation du numérique dans les pratiques de professionnel.le.s des secteurs culturel et social. Après huit ans d’existence et un travail de notes assidu, le collectif propose aujourd’hui des formations afin d’outiller les professionnel.le.s démuni.e.s ou inquièt.e.s de la digitalisation à tout va. Pierre Hemptinne nous livre sa vision d’un futur où les biens communs que représentent le numérique et l’écologie devront être pensés ensemble au travers d’une éducation permanente renforcée.

Ne pas attendre la parole mais la prendre
propos de Savannah Desmedt, rejointe ensuite par Adèle Jacot, recueillis par Delphine Huybrecht
« Les Habitant•e•s des images » et son œuvre collective, le Code du Numérique, sont des OVNIs associatifs. Nous avons rencontré Savannah et Adèle à l’occasion de l’élaboration de ce numéro, et avons été séduit.e.s par leur approche originale du travail collaboratif : avant tout humaine, matérielle, concrète, sensible, physique, émotionnelle…
Retour sur une démarche tendrement subversive.

Nous soutenons l’idée d’un numérique qui ne laisse personne derrière lui
propos recueillis par Zoé Marchand
« Nous, travailleuses sociales et travailleurs sociaux, sommes indigné·e·s de voir nos permanences se remplir de personnes qui ne parviennent pas à contacter la mutuelle, la banque, le CPAS, un syndicat ou un service public. [Ceci] ne fait que révéler de manière dramatique le prix payé par la population suite au définancement des services publics et à la privatisation de services essentiels. »
Ainsi a été introduite la carte blanche du collectif Travail Social en Lutte le 25 octobre 2021 dénonçant une fracture sociale numérisée à l’aune de l’application de l’ordonnance Bruxelles numérique. Le collectif belge de travailleur.se.s sociaux.ales dénonce le manque de financement, de reconnaissance, la perte de sens, la marchandisation de certains secteurs du social. Et, depuis quelques mois, la dématérialisation des services sociaux.

Les Bruxellois exigent des guichets pour accéder à leurs droits
par Delphine Huybrecht
Au moment où nous rédigions ces lignes (novembre 2022), l’ordonnance « Bruxelles numérique » était encore en projet au cabinet du Ministre Clerfayt. Elle vise à imposer aux administrations régionales et communales bruxelloises (telles qu’Actiris, les CPAS ou les communes) de rendre leurs services intégralement disponibles en ligne, et de communiquer avec les citoyens par ce biais. Elle n’impose pas aux administrations, en contrepartie, de maintenir des guichets humains. Le tissu associatif craint que le digital ne devienne la règle et que le papier et le contact humain ne deviennent des exceptions.
Lire et Écrire mène une campagne d’information sur ces questions, c’est dans ce cadre que nous avons rencontré Fabien Masson, coordinateur du service TIC de Lire et Écrire Bruxelles.

Un monde en streaming ?
par Mathieu Blairon
Vous aviez remarqué ? Ces derniers temps, nous avons de moins en moins besoin de nous déplacer pour aller chercher un film, un jeu vidéo ou un livre : tous ces contenus désormais dématérialisés nous sont accessibles directement grâce à Internet et à nos applications numériques.

Être ado à l’heure du smartphone et de Smartschool
par Bertrand Leterme
A l’école aussi, le numérique bouleverse les pratiques sur un mode effréné. Les acteurs y découvrent parfois un peu tard les effets pervers de certaines « innovations » au départ bien alléchantes. Et comme rien n’est simple, ces innovations sont aussi parfois utiles. Plus que jamais, jeunes, parents, enseignants et directions d’établissements scolaires devront débattre, se fixer de nouvelles règles (comme le droit à la déconnexion, qui fait son chemin à l’école aussi) et repositionner, en conscience, leurs pratiques.
Les formations et ateliers à venir
CAP’PASS : Accompagner les jeunes hors pistes (qualifiés Neet)
le 24 mars et le 21 avril à Bruxelles
Le guide Cap’Pass propose un ensemble d’outils utiles à l’identification des compétences des jeunes en recherche d’insertion.
DPA PC : Développement du Pouvoir d’Agir des Personnes et des Collectifs
13 avril, 14 avril et 28 avril à Bruxelles
Entraînement à une approche stratégique du changement.
Jeu Motus : des images pour le dire
le 29 mars et le 5 avril à Bruxelles
Outil au service de la communication au sein d’un groupe.