« Il faut que changer le monde soit fun parce que c’est nécessaire…
Sinon, personne ne voudrait le faire! » (Simon)
Cette analyse se base sur quelques rencontres (interviews et conférence) d’acteurs avec différents niveaux d’implication dans ce collectif alteractiviste. Leurs témoignages seront signés Simon, Jim, Cédric et Sarah[1]. Ils sont leaders, simples participants ou observateurs privilégiés de ces actions de désobéissance civile. Les réflexions amenés dans ce texte sont aussi le fruit d’une observation de leurs modes d’organisation, de mobilisation et de communication sur les réseaux sociaux.
De prime abord, constatons que leurs modes d’actions joyeux et créatifs sur des thématiques d’actualité (réchauffement climatique, fin des énergies fossiles, place inadmissible des lobbies des multinationales dans les négociations des traités transatlantiques CETA et TTIP…) les rendent rapidement sympathiques. Leur ton (im)pertinent est en phase avec ce que les gens veulent entendre et sont prêts à diffuser.
Depuis quelques années, beaucoup de citoyens constatent la situation d’urgence sociale et de déni de la démocratie, mais se sentent impuissants. Les traités de libre échange (TTIP et CETA)[2] ont été des symboles forts de cette situation. Les actions de militants (désobéissants ou non) ont permis un réveil de l’opinion publique et ont forcé certains de nos politiques à se positionner de façon plus affirmée dans le débat. Le gouvernement wallon a d’ailleurs bloqué la signature du CETA pendant quelques semaines. Si, au final, le CETA a été signé sans que le texte n’ait été modifié en profondeur, les négociations du TTIP sont actuellement (en 2018) toujours à l’arrêt. La mobilisation citoyenne n’explique bien sûr pas à elle-seule le gel des négociations, l’élection de Donald Trump, qui ne soutient pas ce type de traités, influence aussi cette situation.
Il n’empêche que pendant les négociations en 2016-2017, on a vécu une sorte de momentum exceptionnel pour la mobilisation citoyenne.
« Ce qui s’est passé avec le TTIP, c’est vraiment une force, il y a eu une longue durée de négociation et des étapes de négociation qui faisaient que ça revenait à l’actualité et ça renourissait… Petit à petit, ça a permis de structurer le mouvement. » (Eliott)
Les différents rounds de négociation ont tenu en haleine pendant de nombreux mois les médias, revenant régulièrement au premier plan de l’actualité. Les TTIP Game Over se sont articulés autour de ces évènements pour mobiliser les alteractivistes
Carte de visite des TTIP Game Over

Les TTIP Game Over[3] se présentaient comme un jeu collaboratif en plusieurs rounds (round 1 : juillet 2016, round 2 : novembre 2016 ; round 3 : printemps 2017). Les dates étaient fixées au regard du calendrier des négociations du traité transatlantique.
L’idée était de proposer aux groupes affinitaires[4], un concours pour stimuler la création d’actions désobéissantes visant un même ennemi (ici les négociateurs du TTIP et les lobbies).
Sur internet, les organisateurs se définissaient comme une « plateforme d’actions qui n’organise pas d’action elle-même mais qui fournit un support logistique à ceux qui en font. »
Cette plateforme offrait des informations permettant d’identifier les cibles principales, les lobbies des multinationales qui influençaient les signataires du traité. Elle proposait aussi un lieu physique (l’Artspace) pour préparer les calicots et autres dispositifs nécessaires aux actions. Et enfin, elle proposait des lieux de débat, de rencontre mais aussi de briefing pour les grosses actions collectives.
Quelques exemples d’actions réalisées pendant les TTIP Game Over :
- Plus de traités dans le noir : lancer de paillettes sur les négociateurs du TTIP/CETA ;
- Campagne d’affichage mêlant art et messages engagés[5] (Brandalisme[6]) ;
- Piratage d’écrans publicitaires[7] ;
- TTIP Lockdown, Blocage du centre de conférence où se tenaient les négociations[8] ;
- CETAssis pieds sous terre, Sit-in pour enterrer la démocratie et défi d’aller le plus loin dans le bâtiment où se tiennent les négociations, poser une main rouge du sang des citoyens [9] ;
- Livraison de colis de merde fraiche aux lobbies négociant le TTIP par la European Citizen Shit Delivery Company[10] ;
Les organisateurs insistaient sur la mise en images des actions afin de pouvoir les diffuser largement.
Chaque round de ces jeux se clôturait par une cérémonie de remise des prix festive et décalée. Ce moment de rassemblement et de convivialité entre les groupes affinitaires permettait une rencontre physique entre les militants et une valorisation des exploits réalisés.
Généalogie des TTIP Game Over
Les TTIP Game Over ne viennent pas de nulle part, ils s’inscrivent en continuité d’autres actions, s’inspirant de leurs stratégies de mobilisation. Revenons ici sur celles qui ont inspiré ses organisateurs et qui leur ont donné l’idée d’utiliser le jeu collaboratif.
Nato Game Over
Agir pour la paix et Vrede Actie, deux associations anti-militaristes organisaient les NATO Game Over dans les années 2000[11]. A l’époque, elles se concentraient sur quelques grosses actions (Bombspotting) de désobéissance civile. Les actions de bombspotting sont des actions antimilitaristes qui dénoncent la présence de bombes nucléaires sur notre territoire. Le but du « jeu » est d’atteindre au plus près les zones de stockage des bombes nucléaires pour prouver qu’elles ne sont pas bien protégées et demander leur démantèlement. Ces grands rassemblements drainaient des activistes venus de différents horizons ne se connaissant pas tous mutuellement.
Ces deux associations ont joué un rôle très important dans la diffusion de la désobéissance civile en Belgique mais aussi ailleurs en Europe, via l’encadrement et les formations qu’elles ont dispensés.
350.org
La « tactique de l’action décentralisée (attaquer sur plusieurs fronts simultanément) »[12] dont s’inspirent aussi les TTIP Game Over a été proposée pour la première fois à très grande échelle par « 350.org »[13], en 2009, lors de la première journée internationale d’action pour le climat.
Climate Games
Mais le dispositif ludique des TTIP Game Over à proprement parler a été imaginé par des Néerlandais en 2014. Ils ont organisé les premiers Climate Games à Amsterdam[14] suite à un « camp climat » aux Pays Bas.
Tous les ingrédients de la recette y étaient déjà : un jeu qui incite à des actions décentralisées avec une cible commune (ici les industries polluant Amsterdam : Charbon, agriculture industrielle et Pétrole) et une émulation entre équipes à partir de récompenses burlesques.
Cette dernière caractéristique est elle-même inspirée d’une autre tactique de désobéissance civile, les « Remises du prix du pire… »[15]comme les Big Brother Awards.
Les participants aux TTIP Game Over appliquent à eux-mêmes ce principe qui utilise la dérision pour ternir habituellement la réputation d’un ennemi, avec une bonne dose d’auto-dérision.
Le module « Climate Games » a été exporté à Paris lors de la COP 21 (du 11 au 13 décembre 2015). Ils sont définis par leurs organisateurs comme ceci : « The Climate Games are where action-adventure meets actual change. Anyone can play this real-time, real-world game and turn Paris and the world into a giant, direct action playing field for climate justice. »[16]
Les Climate Games sont un concours qui propose de réaliser en équipe des actions désobéissantes sur la thématique de la protection du climat, de façon simultanée.
De nombreuses actions de brandalisme, des performances collectives ont été organisées pendant ces quelques jours.
Un exemple d’action menée pendant les Climate Games de Paris est celui du collectif « Give a shit (litt. En avoir quelque chose à foutre) » mené par l’artiste Teresa Borasino, qui a imprimé le rapport du GIEC[17] sur du papier WC et qui a remplacé tous les rouleaux des toilettes du bâtiment où se tenaient les négociations de la COP21. Ainsi les négociateurs étaient obligés de se « torcher les fesses » avec le rapport des scientifiques.
Isabelle Frémeaux, co-organisatrice des Climate Games autour de la COP21, présente leur projet comme suit : « Nous nous associons à de nombreux mouvements sociaux qui ont décidé de mettre en lumière et d’agir contre la manipulation et la phagocytation des négociations par le pouvoir des multinationales. Nous avons décidé de proposer un grand jeu, qui considère à la fois le cyberespace et la rue comme terrains de jeu, dans lequel des équipes vont se former pour élaborer des actions de désobéissance civile contre le pouvoir des multinationales. Nous voulons un jeu qui permette d’offrir un éventail d’approches et de tactiques qui dépassent ce qui est souvent présenté comme antagoniste, les actions symboliques contre les actions plus radicales, de blocage par exemple. »[18]
A Paris, les Climate Games ont pris une tout autre ampleur qu’à Amsterdam. 124 équipes y ont participé[19]

« Les Climate Games ont super bien marché, en ayant mis en place un modèle qui est facilement reproductible. Si tu es capable. Il est facilement exportable. C’est pratique, c’est quelque chose qui s’adapte à différentes réalités comme les TTIP Game Over. » (Simon)
Le succès des Climate Games a poussé les organisateurs des TTIP Game Over à exporter la formule.
« Le dernier jour, avant d’aller faire la fête, on s’est retrouvés à une grosse centaine. Et on a fait là, la proposition d’organiser les TTIP GAME OVER en disant que le modèle Climate Games marchait bien, qu’il fallait continuer, qu’il y avait une opportunité politique. Donc, c’est comme ça que c’est parti et donc dès la fin de décembre 2015, il y a eu des mails qui se sont échangés pour préparer ça. » (Simon)
Et ils ont aussi gardé l’esprit créatif dans le sillage de l’Artivisme[20].
« Il y a quand même une filiation entre les Climate Games et les TTIP GO. C’est l’idée de mêler l’art et l’activisme. » (Simon)
Ensemble Zoologique de libération de la Nature (EZLN)

Un des collectifs belges qui a beaucoup marqué les esprits lors des Climates Games de Paris est l’EZLN. Ils résument à eux seuls l’esprit de cette vague de désobéissants.
Ce collectif de joyeux animaux a pour leitmotive le slogan des Climate Games : « We are not fighting for nature. We are nature defending itself ! »
Ce slogan est scandé à la fin de chacune de leurs actions à la manière d’un hakka de rugby pour montrer la force de la nature qui se défend. Ce n’est pas sans rappeler le « Gloup Gloup » du Gloupier.
Leur première action pendant les Climate Games s’est passée chez Dieteren où ils ont fait entrer la nature dans une concession automobile pour dénoncer l’impunité des crimes climatiques perpétrés par les multinationales, ils ont ensuite kidnappé des chaises aux banques de la place Flagey pour dénoncer la politique de la chaise vide menée par nos politiciens alors qu’ils pourraient contrôler les choix stratégiques des banques.
Cette série d’actions[21] regroupées sous le nom de code « Opération Vivaldi » est très scénarisées. Au signal de l’un d’entre eux, ces lanceurs d’alerte déguisés en animaux débarquent dans le bâtiment de leur cible chargés de sacs de feuilles mortes et de branchages. Ils inscrivent messages et slogans sur les façades, le sol. Ils tracent des lignes rouges pour montrer que la limite a été dépassée et terminent par leur signe de ralliement, le hakka de l’EZLN.
« On est complètement au second degré, on est déguisé en animaux et on envahit des institutions. » (Jim)
Leur Opération Vivaldi, Episode 4: Nature vs Dirty Deals[22] à la fin de la COP 21 devant la Commission Européenne a été très remarquée. Ils ont même eu une interview[23] sur TV5 monde.

Pendant cette interview, le sous-commandant[24]Chat explique clairement que leurs actions sont loin d’être de simples clowneries. Elles sont réfléchies et s’inscrivent dans une vision politique claire :
« Nous sommes des citoyennes et des citoyens qui décidons de dénoncer la mainmise des multinationales sur les politiques publiques. »
« Comme les Zapatistes ont déjà dit qu’il fallait qu’ils se masquent pour qu’on les voie, nous, il a fallu qu’on fasse les clowns pour qu’on nous prenne au sérieux. »
Ce collectif est un vrai phénomène sur les réseaux sociaux. Certaines vidéos ont récolté des millions de vues.
« Les vidéos des animaux, l’EZLN, ça a vraiment bien tourné. » (Eliott)
« l’EZLN, c’est un peu la méga vitrine. C’est viral ! » (Simon)
Mais au-delà de la diffusion, ce collectif a vraiment construit un engouement autour de lui.
« Tout le monde veut aller à une action de l’EZLN. A chaque fois qu’il y a une action de l’EZLN, il y a de plus en plus de monde. La première chez VW Dieteren, c’était 35 personnes. La dernière chez Bayer, c’était 120 !! » (Simon)
L’aspect déjanté de ce groupe mais aussi leur positionnement comme groupe militant sont sans doute les sources de cet engouement. Pour un militant occasionnel, c’est un groupe qui est rassurant, les risques sont minimisés au maximum.
« La philosophie conceptuelle en termes d’actions de l’EZLN, c’est : « Un minimum de risques, un maximum de fun. » » (Simon)

La vidéo « Extrait de la Déclaration de la forêt de Soignes de l’EZLN »[25] réalisée à l’occasion des TTIP Game Over présente bien la philosophie politique cette fois, du groupe. Ce morceau d’anthologie est une parodie inspirée de plusieurs textes du mouvement Zapatiste[26]. Ils utilisent d’ailleurs de nombreux codes de ce groupement révolutionnaire (foulard cachant le bas du visage, table, couleur rouge du drapeau…).
Désobéissance civile ?
Désobéir à une loi pour la changer, naissance d’un concept
La désobéissance civile, concept développé par Henry David Thoreau, écrivain américain (1817-1862) dans son essai, la « Désobéissance civile » en 1849[27], visait une rébellion contre l’Etat et contre certaines lois jugées iniques ou injustes[28].
Il inspira Martin Luther King et Gandhi. Pour faire changer une loi, ces derniers incitaient au non-respect de celle-ci ; appliquant ce qu’Aristote disait déjà : « Le fait qu’une loi puisse être injuste fonde la possibilité qu’on y désobéisse. »[29]
Le procès de Nuremberg en 1945 a été un tournant dans l’histoire de la désobéissance car il a établi le devoir de désobéir aux lois iniques en condamnant ceux qui y avaient obéi.[30]
Désobéir pour se faire entendre

Depuis, la désobéissance civile prend aussi des formes plus indirectes. Les infractions ne sont pas nécessairement en lien avec l’objet de la contestation. Elles sont mises en œuvre pour attirer l’attention, pour réveiller les « consciences endormies ».
« Désobéir est devenu une nécessité. Si la social démocratie fonctionnait, ce serait sympa. On ne serait pas dans une cave à discuter. On ferait sans doute autre chose. C’est parce qu’elle ne marche pas qu’aujourd’hui, on est presque acculés à agir. C’est important pour pouvoir justifier, légitimer notre action auprès des gens. » (Cédric)
La désobéissance civile est une vraie source de changement social, comme le rappelle John Jordan, co-organisateur des Climate Games : « Toute forme de changement, ce qu’on peut appeler le progrès social, est le résultat d’actions de désobéissance. Les femmes qui portent des pantalons, le week-end, la contraception, le mariage gay, tous ces acquis sont les résultats d’actions menées par des gens qui ont désobéi, qui ont fait de la prison, qui ont été tués, qui ont été vus par la société comme des fous, des terroristes, etc. »[31]
Non-violence et publicité, garde-fous de ces actions militantes
Si ces actions sont illégales, elles restent civiles et non criminelles car d’une part, elles se font dans la lumière, et non dans l’ombre. « La publicité vise à écarter tout soupçon sur « la moralité de l’acte », et à lui conférer, en outre, une valeur symbolique ainsi que la plus grande audience possible afin que l’acte ait le plus grand retentissement pour modifier le « sentiment » ou la « conviction » de l’opinion publique. »[32]
Et d’autre part, elles respectent la civilité, la non-violence[33]. Ce trait est fondamental pour les actions de désobéissance civile car il accentue la violence de l’injustice dénoncée.
Définir pour mieux cerner les différents aspects
Rawls propose cette définition : « La désobéissance civile peut être définie comme un acte public, non violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement. En agissant ainsi, on s’adresse au sens de la justice de la majorité de la communauté et on déclare que, selon une opinion mûrement réfléchie, les principes de coopération sociale entre des êtres libres et égaux ne sont pas actuellement respectés. »[34]
Jérôme Pelenc retient 7 critères[35] qui rendent cette transgression collective de la loi, légitime dans un « État de droit »[36]. Elle doit être :
- collective,
- publique, réalisée à visage découvert pour visibiliser des injustices occultées,
- illégale (ou extra-légale) mais invoquer un principe supérieur de justice,
- non-violente,
- intervenir en plus d’une action en justice, lorsque les voies légales ont déjà été explorées,
- les auteur.e.s doivent assumer les risques de la sanction, celle-ci apparaissant comme un moindre mal face à l’enjeu mis en lumière,
- et enfin, elle se doit d’être constructive, de proposer des solutions au problème mis en lumière.
Une autre manière de développer un rapport de force
« A la base, j’ai commencé à militer dans le mouvement étudiant. A ce moment, j’étais très confronté à une certaine inefficacité des modes d’actions qu’on mettait en place, comme la manif Nord-Midi, j’en ai fait une chiée, des pétitions, on allait trouver les institutions… Dans notre génération étudiante, à ce moment-là, on était fortement confrontés avec le fait qu’on n’arrivait plus à arracher de victoire. On était sur des luttes défensives et en plus, on les perdait. On s’interrogeait sur ce qu’on pouvait mettre en place pour recréer un rapport de forces qui soit en notre faveur. On en est venu un peu par hasard, sans grande formation, sur la désobéissance. On s’est dit qu’on devait construire des campagnes plus structurées. Et certaines actions dans ce cadre peuvent se faire hors du cadre légal, on peut aller beaucoup plus loin aussi avec des actions qui sont beaucoup plus créatives.» (Jim)
La désobéissance civile est donc une forme alternative d’élaboration d’un rapport de forces face aux « puissants ». Elle tire son efficacité du potentiel viral que représentent ces actions hors du commun. Greenpeace utilise ce levier depuis longtemps.
La communauté de désobéissants que l’on observe ici a choisi en outre, d’y ajouter un côté décalé, humoristique qui décuple la sympathie que génère ce type d’action.
Une pratique politique au sens large
Cependant, ce ne sont pas de doux naïfs, leurs leaders sont même fins stratèges. Leurs actions sont millimétrées et hautement politiques, au sens que donne Emeline de Bouver à ce concept : « « politique » se réfère aux formulations de ce qui est juste pour gouverner et transformer la cité (la polis) mais aussi de ce qui importe, ce dont nous choisissons de prendre soin afin de faciliter et gérer le vivre-ensemble. »[37]
Pour ce groupe, il est tout aussi important de revendiquer une société plus juste, une justice climatique que de renforcer la culture politique de la population. Et ils sont aussi actifs dans la construction d’alternatives inspirantes (coopératives citoyennes, …) au modèle capitaliste.
Ils développent donc une action cohérente dont la désobéissance citoyenne n’est que la partie émergée de l’iceberg.
La désobéissance, une expérience hors du commun
La désobéissance civile en général est une expérience marquante. Les actions sont fortes en émotions. Joie, adrénaline, coopération sont des ingrédients qui font de cette activité une expérience hors du commun. « Il y a aussi le plaisir de la transgression, puisque l’action conduit l’activiste à occuper des lieux interdits, à bloquer ce qui ne saurait l’être, à s’inviter là où on l’attend le moins, à montrer en toute circonstance que le roi est nu. » [38]
Ce n’est cependant pas une activité sans risques. Ils assument cette responsabilité parfois même à visage découvert, car pour eux, ne rien faire est encore plus risqué.
« Un truc important quand on rentre en désobéissance civile, on prend quand même un risque personnel, il y a toujours un risque car on désobéit à la loi. On le fait de manière consciente, souvent on l’assume à visage découvert dans beaucoup d’actions qu’on fait. Si on le fait, si on se met en danger, c’est qu’à un moment on a envie de gagner, on a envie d’être efficace pour gagner. » (Jim)
Mais cette prise de risque est aussi grisante, l’adrénaline qui l’accompagne est un moteur. La désobéissance civile par certains aspects s’apparente à une activité à sensations fortes.
Un collectif soudé, pierre angulaire de la réussite des actions
Amener des citoyens à désobéir, à prendre des risques physiques et juridiques n’est pas chose aisée. La plupart du temps, ces actions sont réalisées avec un groupe affinitaire, des amis proches qui ne vont pas mettre les autres en danger lorsqu’il seront devant la police ou la justice. Il est donc extrêmement important de connaitre ses compagnons de lutte et de développer la confiance mutuelle.
« [Lors d’une action,] chacun vient avec son bagage politique mais aussi émotionnel. On ne peut pas faire des actions comme ça avec n’importe qui. Moi toutes les actions que j’ai faites et j’en ai fait beaucoup, je ne les ai faites qu’avec des groupes affinitaires. Si aujourd’hui, vous me dites : « Viens demain on fait une action dimanche un peu risquée », je ne viens pas, parce que je ne vous connais pas. Si un flic me prend comme ça, je ne sais pas comment vous allez réagir. » (Cédric)
Au-delà des briefings et de l’encadrement par une « legal team » qui conseille les activistes en difficulté avec les autorités, une des stratégies mise en œuvre par cette communauté de désobéissants pour souder leur groupe est de gamifier, d’utiliser les ressorts du jeu, pour créer des liens entre les participants, leur proposer un cadre commun qui développe l’émulation entre les idées.
Gamification ?
Un concept récent
Ces dernières années, les frontières entre réalité virtuelle et réalité tangible s’amenuisent et dans le même temps, s’observe un phénomène de transfert des mécaniques du jeu dans d’autres domaines, ce phénomène est appelé gamification ou ludification[39].
Comme le relève Thibault Philipette en citant Jacques Henriot, « l’émergence du terme est intéressante en ce qu’elle relève le caractère de plus en plus joué de nos sociétés »[40]
Si ce terme apparait dans notre contexte actuel de morosité et de désabusement face aux crises, ce n’est pas étonnant. « Mettre un peu plus de « fun » dans nos vies pour nous amuser de ce qui nous ennuie. Voilà le principe de la ludification »[41].
Travailler à son insu
Cette mécanique permet ainsi de faire « travailler » les « joueurs » sur des tâches qu’ils n’auraient sans doute pas faites sans la proposition ludique. « Que ce soit for the fun ou for the win, la gamification est pensée comme un moyen de stimuler ou renforcer certains comportements chez les utilisateurs. »[42]
Les exemples de gamification habituellement cités sont soit des applications qui récupèrent des données encodées ou récoltées par leurs utilisateurs contre récompenses virtuelles (statut, prix…) pour en faire bénéficier la collectivité (dans des applications informant sur le trafic telle que Waze par exemple, ou l’application Fold.it qui fait avancer la science en faisant analyser des structures de protéines sous forme de puzzle) ; soit des expériences[43] qui rendent ludiques et compulsives des habitudes vertueuses difficiles à stimuler, comme prendre l’escalier plutôt que l’escalator via l’ajout d’un clavier musical sur les marches ou comme le fait de mettre ses déchets dans la poubelle dans un parc en ajoutant un son intriguant de puit sans fond[44].
Ici, la spécificité de la gamification de la désobéissance civile est de susciter des comportements qui, a priori, ne sont pas considérés comme vertueux par la société, même s’ils servent une cause juste. Et ils sont d’autant plus difficiles à stimuler qu’ils demandent aux « joueurs » de se positionner plus ou moins hors-la-loi.
Mais la gamification amène justement des leviers pour rester engagé, se donner des objectifs, être efficace et célébrer les succès. L’immersion dans un dispositif ludique donne un prétexte stimulant à l’action. Ovigneur pointe à ce propos « le côté immersif, qui (me) semble une base fondamentale pour transformer des corvées en jeu ».[45]
Dans les TTIP Game Over et dans les actions de désobéissance civile en général, les joueurs sont placés dans une situation réelle d’action. C’est plus que de l’immersion, les joueurs sont acteurs du jeu. Au niveau des sensations fortes, on est proche d’un jeu Grandeur Nature[46] mais ce jeu-là peut vraiment amener en prison…
Cette prise de risque nécessite donc un engagement particulièrement fort.
Le jeu, un moyen de renforcer l’engagement

Le processus de l’engagement (illustré par la boucle ci-contre[47]) se nourrit de motivation, d’action et de feed-back qui, à son tour, renforce la motivation à l’action.
Le jeu est un puissant vecteur d’engagement. Il pose un cadre, une situation qui suscite l’action et offre, via des récompenses, un feed-back qui donne envie de rejouer.
Les organisateurs des TTIP Game Over ont bien compris cette boucle vertueuse et sont attentifs à la motivation par la mise en récit de leurs actions (ennemi commun, contextualisation…)
L’aspect feedback est aussi soigné ici avec les récompenses et la projection des actions menées par les différents groupes pendant les TTIP Game over puis en ligne. Cela répond à des besoins fondamentaux de la jeunesse d’aujourd’hui : la reconnaissance et la recherche de communautés identitaires. La diffusion des vidéos sur les réseaux sociaux est un moyen de montrer son appartenance ou au moins son soutien à ces actions.
L’aspect décalé, borderline et adrénaline de ces actions mobilisent en effet plutôt les jeunes mais pas uniquement. [48]
Donc ajouter une composante ludique aux actions de désobéissance renforce la capacité à mobiliser et l’émulation d’idées. Comme l’énonce Isabelle Frémeaux, le jeu, et le plaisir qui en découle sont des ressources très intéressante pour être innovant : « Le jeu physique est un moyen efficace pour prendre du plaisir à être ensemble mais aussi pour apprendre autrement que par la pure rationalité. (…) Le jeu permet de travailler très sérieusement sans se prendre au sérieux. »[49]
Coopératif ou compétitif les TTIP Game Over ?
Si l’on prend la typologie des jeux de François-Paul Cavallier[50], on conviendra rapidement que les TTIP Game Over tiennent plus d’un jeu de coopération que d’un jeu traditionnel, compétitif, et ce malgré la forme de « concours » annoncée.
Jeux traditionnels | Jeux de coopération |
Les règles sont immuables (adaptation – soumission) | Une fois le cadre donné, les moyens de gagner doivent être inventés, ce qui génère une créativité individuelle et de groupe. |
L’adversaire est un autre joueur. | L’adversaire est un élément extérieur au groupe. |
Les joueurs s’opposent. | Le but commun est partagé (gain ou perte). |
Le perdant est vaincu, il rumine seul son échec. | En cas de perte, analyse des causes et mise en place de remèdes en commun. |
Les joueurs éliminés s’ennuient. | Fin du jeu ensemble. |
Rivalité, concurrence, compétition. | Entraide, coopération. |
Pas de communication, ce qui peut entraîner de la méfiance. | Communication intense entre les joueurs – confiance partagée. |
Les récompenses des TTIP Game Over montrent d’emblée qu’on est dans une sorte de parodie de jeu. Les équipes ne sont pas mues par un esprit de compétition mais plutôt par une saine émulation pour collectivement faire avancer leur lutte.
Ensuite, les actions sont en fait très coopératives. La coopération pour atteindre un but commun (ndlr faire capoter la signature du TTIP et du CETA) est plus importante que la pseudo compétition entre les équipes.
Et finalement, le plus important pour les participants n’est sans doute pas de vaincre les autres équipes mais davantage d’acquérir un certain statut, une reconnaissance par les pairs au sein de la communauté.
Tisser des liens
Parce qu’au-delà de la compétition factice de ces TTIP Game Over, un des points centraux de ces jeux est de consolider la communauté des alteractivistes. La cérémonie de remise des prix est avant tout un moment de grande convivialité entre les différents groupes affinitaires, afin de créer une communauté plus large.
« Généralement, c’est truqué, hein ! L’idée, c’est qu’il y a différentes catégories. Un peu comme à la remise des Césars. T’as la meilleure action, l’action la plus drôle… Mais ce qui est important dans cette soirée, on se retrouve entre nous tous ensemble pour faire la fête. Mais aussi pour voir les actions de tout le monde. Tout le monde applaudit. Y’a une animation. Les gens qui ont gagné viennent dire un petit mot. Ils font un discours où ils remercient leurs fans, leur public, … On les applaudit. Après il y a aussi des vraies infos qui passent. (Simon)
Pour renforcer la communauté, il est vraiment important de pouvoir faire confiance, de bien se connaître. « Une convivialité militante rendue possible par la fréquentation régulière de son groupe affinitaire, le partage d’émotions fortes, la très grande confiance permise par les briefings et débriefings qui bornent les actions, les liens tissés avec tel ou tel camarade à qui l’on doit de fières chandelles, etc. »[51]
Cette organisation collective permet de partager des moments communs et donc d’apprendre à se connaitre, à se faire confiance mais est aussi éminemment prosélyte, au-delà des groupes affinitaires déjà militants.
« Aujourd’hui en Belgique francophone, on est en train de développer de bons outils. Et notamment d’avoir des groupes affinitaires qui se regroupent entre eux pour essayer de mettre en place des actions massives qu’on peut rejoindre, rejoindre avec quelques amis sans être dépassés par la masse de problèmes qui peut arriver quand on se pose pour la première fois la question : je dois faire une action et on se retrouve qu’à 3 ou 5 et qu’on ne sait pas trop quoi. » (Simon)
Les leaders de la communauté réfléchissent donc à des stratégies d’ouverture pour permettre à des néophytes de goûter aux joies de l’action militante.
Après les Climate Games, l’expérience de Ende Gelände[52] puis les TTIP Game Over, on observe un brassage entre les groupes affinitaires préexistants.
Suite à ces expériences, un vrai réseau militant en Belgique francophone, qui relie différents groupes affinitaires, s’est constitué.
C’est ludique mais on ne joue pas
« Avec la désobéissance, tu vas pouvoir garder les gens mobilisés plus longtemps de manière chouette et ludique. » (Sarah)
Entre les lignes, on comprend que la forme du jeu n’est qu’une vitrine, un outil au service d’un objectif plus large. Il sert à mobiliser, à structurer la communauté, à développer de nouvelles affinités donc à renforcer le collectif pour ses actions futures. En cela, on peut vraiment parler de gamification.
« Je pense que c’est bien de le voir comme un jeu. On a envie de le voir comme un jeu. Parce que c’est pratique… Mais ce n’est pas un jeu. Il y a de grandes différences entre la volonté de le voir comme un jeu. Et la conscience que derrière on sait qu’on ne joue pas. Il y a un aspect ludique, on présente ça sous forme de jeu. Ce qu’on appelle jeu, en fait, c’est un modèle organisationnel qui est habillé sous forme de jeu. Parce que c’est plus vendeur. C’est plus rigolo. Mais tu développes un modèle organisationnel. » (Simon)
En conclusion, on retiendra que développer un dispositif ludique pour stimuler l’engagement et créer du lien dans un groupe est une stratégie efficace. Vivre des expériences communes, surtout si elles sont immersives et chargées en émotions permet de construire la confiance mutuelle et le sentiment d’appartenance à un groupe. Le jeu coopératif, couplé avec des valeurs de justice sociale, écologique et démocratique, est un puissant vecteur de mobilisation. Au-delà de l’analyse de la désobéissance civile, cette stratégie de gamification peut inspirer d’autres collectifs ou coopératives en constitution ou en recherche d’un nouveau souffle.
NOTES / REFERENCES
[1] Leurs noms ont bien entendu été anonymisés.
[2] Le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP en anglais), également connu sous le nom de traité de libre-échange transatlantique (TAFTA en anglais), est un accord commercial en cours de négociation entre l’Union européenne et les États-Unis, prévoyant la création d’une zone de libre-échange transatlantique. Le CETA (ou «Accord économique et commercial global» («Comprehensive Economic and Trade Agreement», en anglais), pose quant à lui les bases d’un partenariat économique entre l’Union européenne et le Canada.
[3] Voir https://ttipgameoverblog.wordpress.com (ancienne version du site des TTIP Game Over), la nouvelle version (https://ttipgameover.net/blog/actions-items/ttip-lock-down/) étant hors ligne
[4] Groupes de personnes qui se connaissent et se font confiance, partagent les mêmes valeurs et objectifs.
[5] Voir https://ttipgameoverblog.wordpress.com/portfolio/700-affiches-publicitaires-dans-le-metro-bruxellois/
[6] Brandalism (mot-valise mêlant brand, « marque » en anglais, et vandalism), détournement des publicités présentes dans l’espace public à des fins militantes. Définition retenue par Wikipédia et traduite à partir de l’article de Matilda Battersby, « Brandalism: Street artists hijack billboards for ‘subvertising campaign’ », The Independent, 17 juillet 2012
[7] Vidéo sur http://www.vivreici.be/les-gens-d-ici/detail_piratage-de-l-ecran-coca-cola-a-de-brouckere-ttip-game-over?videoId=48262 . Un des activistes est actuellement accusé en justice pour ces actions voir https://www.zintv.org/Proces-des-ecrans-proces-politique
[8] Vidéo sur https://vimeo.com/174786776
[9] Voir https://www.facebook.com/stopttiptafta/posts/595212877328967
[10] Vidéo sur https://vimeo.com/190524749
[11] Organisées au moins en 2001, 2010 et 2012 (voir par exemple : https://www.youtube.com/watch?v=aX15Zgoh-9A)
[12] Boyd, Andrew; Mitchell, Dave Oswald, Joyeux bordel : tactiques, principes et théories pour bien réussir la révolution, Les Liens qui libèrent: Paris, 2015, p29
[13] Mouvement international de défense du climat. « Le chiffre 350 est synonyme de sécurité climatique : nous devons ramener la concentration de CO2 dans l’atmosphère de plus de 400 à moins de 350 parties par million. » source : www.350.org
[14] Voir https://www.youtube.com/watch?v=EG9dr-c7B7s
[15] Renou Xavier, Désobéir, le petit manuel, Le Passager clandestin, Neuvy-en-Champagne, 2012, p59
[16] https://www.climategames.net/ (hors ligne)
[17] Rapport scientifique expliquant les impacts des changements climatiques
[18] Chardronnet Ewen, « Climate Games: « Nous sommes la nature qui se défend », Interview de Isabelle Frémeaux et John Jordan, co-organisateurs des Climate Games autour de la COP21», in Makery.info, 2015, disponible sur http://www.makery.info/2015/05/11/climate-games-nous-sommes-la-nature-qui-se-defend/
[19] Voir la vidéo récapitulative sur : https://www.facebook.com/climategames/videos/1668338923439152/
[20] L’Artivisme est un mouvement plus large (https://fr.wikipedia.org/wiki/Artivisme) qui développe des actions à la fois militantes et artistiques (actions théâtrales, actions clowns, brandalisme…).
[21] Vidéos des actions de l’EZLN disponibles sur : http://ezln-zoologique.be/nos-actions/
[22] Vidéo complète de l’action disponible sur https://vimeo.com/163913414
[23] Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=0RycxTYxArY
[24] Ils sont tous « sous-commandants », en référence au sous-commandant Marcos de l’Armée Zapatiste de libération Nationale (Ejército Zapatista de Liberación Nacional en espagnol ou EZLN)
[25] Disponible sur le site de l’EZLN : http://ezln-zoologique.be/34-2/
[26] Références des textes parodiés sur http://ezln-zoologique.be/34-2/
[27] Tourev Pierre sur http://www.toupie.org/Dictionnaire/Desobeissance_civile.htm
[28] Dans son combat contre les lois esclavagistes, il refusa de payer un impôt qui devait financer la guerre contre le Mexique.
[29] Peraya Jérôme, La désobéissance civile, une expression légitime de la citoyenneté?, Une publication ARC – Action et Recherche Culturelles asbl, 2014, p. 2
[30] Idem, p. 3
[31] Chardronnet, ibid.
[32] https://fr.wikipedia.org/wiki/Désobéissance_civile#cite_note-2
[33] Muller Jean-Marie, « De la désobéissance civile », texte inédit, novembre 2004 disponible sur http://www.non-violence-mp.org/muller/HTML/desobeissance
[34] Rawls, John., Théorie de la justice, trad. franç. de C. Audard, Paris, Seuil, 1987, p. 405
[35] Pelenc Jérôme, La désobéissance civile, pour (re)trouver le chemin de la démocratie, Barricade, 2016
[36] Pelenc différencie la désobéissance civile dans un état de droit et une conception plus radicale qui ne reconnait plus le pouvoir politique comme représentatif et démocratique. Les leaders du mouvement étudié ici sont assez proches de cette deuxième conception. Ce qui n’est peut-être pas le cas de tous ceux qui participent aux actions proposées. Dans cette vision plus radicale, lutter contre une oligarchie et demander un changement profond de modèle sociétal ouvre d’autres perspectives à la désobéissance. Entre autres le fait de ne pas nécessairement utiliser toutes les voies de droit avant d’agir. Car l’enjeu est inversé. Ils voient leur action comme une lutte légitime de la majorité contre la violence des privilèges d’une minorité.
[37] De Bouver Émeline, « Éléments pour une vision plurielle de l’engagement politique : le militantisme existentiel », Agora débats/jeunesses 2016/2 (N° 73), p. 91
[38] Renou Xavier, Désobéir, le petit manuel, Le Passager clandestin, Neuvy-en-Champagne, 2012, p. 53
[39] Ovigneur Nicolas, « La ludification », Ludo asbl, décembre 2014, p. 1
[40] Philipette Thibauld, « Une nouvelle ère de la Gamification ? », Ludo asbl, décembre 2014, P5
[41] Ovigneur Nicolas, ibid., p1
[42] Philipette Thibauld, « Gamification: Rethinking ‘playing the game’ with Jacques Henriot », In: Mathias Fuchs, Sonia Fizek, Paolo Ruffino, Niklas Schrape (Eds.), Rethinking Gamification, Meson Press: Lüneburg, 2014, p.4
[43] Voir the http://www.thefuntheory.com et https://anammanzo.wordpress.com/2010/10/13/the-fun-theory-changing-human-behavior/
[44] Video sur https://www.youtube.com/watch?v=cbEKAwCoCKw
[45] Ovigneur, ibid., pp. 4-5
[46] Jeu de rôle où les joueurs incarnent physiquement (déguisement, language,..) des personnages fictifs et interagissent dans un univers inventé.
[47] Ovigneur, ibid., p. 4
[48] On reviendra dans une prochaine analyse sur le profil des désobéissants.
[49] Chardronnet, ibid
[50] Paul-Cavallier, François, Jeux de coopération pour les formateurs : 70 jeux pour développer l’esprit d’équipe, Eyrolles, Paris, 2015, p. 38
[51] Renou, ibid, p. 53.
[52] Énorme rassemblement d’activistes européens (près de 3000 dont près de 200 Belges) qui a bloqué une mine de charbon à ciel ouvert en Allemagne à Ende Gelände pendant 48h en mai 2016. Vidéo sur https://www.youtube.com/watch?v=ZuW3Z44Qa4k