Un exemple personnel… parmi beaucoup d’autres.
Dans un cours donné à des étudiant(e)s de BAC2 PSP (Faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation, UCL), je pratique de plusieurs façons différentes ces techniques de Flipped Classrooms. Ainsi dans un même cours décrit sur mon Blog (Blog de M@rcel, 2011) et sur une « Une » de Résonances[1] (Janvier 2011: J’enseigne moins, ils apprennent mieux), j’utilise 4 méthodes inspirées de ce modèle: (1) les Flipped Classrooms « au sens usuel ou basique » (vidéo suivie d’un débat en classe), (2) des groupes de co-apprentissage (sur une thématique imposée, un groupe préparer une présentation à faire en auditoire et un autre groupe se charge d’animer un débat, un troisième groupe pourrait préparer une synthèse, un quatrième critiquer, améliorer et compléter cette dernière …), (3) un mini-colloque (une thématique choisie par un groupe à présenter lors d’un tel colloque avec un autre groupe qui a lu le rapport scientifique et qui doit le critiquer) et (4) un peer-review (où un édito critique structuré est réalisé dans le but formatif d’améliorer la communication présentée). C’est un dispositif qui repose sur la plateforme Claroline[2] qui m’aide beaucoup dans la gestion des groupes, des publications faites par les étudiants, dans le suivi des discussions et préparations des travaux, etc. De manière plus synthétique, la figure ci-dessous présente le dispositif complet de ce cours en y inscrivant les quatre activités (les quatre temps forts) de classes inversées.
– Figure 3 – Scénario temporel d’un cours présentant diverses activités de type « Flipped Classrooms »
Passons en revue ces 4 activités en les détaillant quelque peu (en faisant référence à la figure 3 qui en donne la cohérence).
1. Classes inversées (« proprement dite »)
Il s’agit de proposer à distance la partie transmissive (la « matière ») du cours (via des documents à lire, des podcasts) et d’utiliser le temps en présentiel (en classe) pour des activités ou des interactivités. Pour la bonne organisation du « cours » en présentiel du 26 septembre, les étudiant(e)s sont invité(e)s à déposer, 3 jours avant le « cours », leurs avis, commentaires, opinions et questions sur le forum créé à cet effet. Ces productions sont utilisées par l’enseignant pour « mener le débat » et répondre aux questions.
La difficulté principale provient du fait que certains étudiants ne lisent pas le texte proposé ou ne prennent pas connaissance de la vidéo. Une tâche précise à propos du média doit leur être demandée (ici déposer un message sur le forum nominatif).
2. Groupes de co-apprentissage
Des thématiques sont attribuées à des groupes aléatoires et les étudiant(e)s sont invité(e)s à présenter en amphi une synthèse (10 min selon le schéma des TED Conferences) des ressources qui leur ont été proposées (2 ou 3 documents: article scientifique, billet de Blog, vidéo …). En outre, un autre groupe se voit attribuer les mêmes documents mais, cette fois, pour conduire un débat (10 min) après la présentation du groupe en charge de la synthèse. Les présentations seront déposées dans une session de l’outil de dépôt de la plateforme dans un but de mutualisation des ressources ainsi créées.
Une difficulté principale provient de la piètre qualité des présentations (souvent un plaquage d’extraits des documents proposés) et des débats. Je l’atténue fortement en explicitant mes attentes et en donnant aux étudiants quelques « recettes » fondées ou quelques conseils sur ces prestations à réaliser (potentiellement riches en développement de compétences).
3. et 4. Mini-colloque et peer-review
Chaque groupe présente son travail (projet du quadrimestre préparé en autonomie « à distance » portant sur un rapport scientifique thématique) et un autre groupe a la charge de rédiger un « édito critique » de cette présentation et de son contenu. Ce groupe « évaluateur critique » est en charge de l’amélioration du travail présenté (par la soumission d’un travail provisoire et la présentation orale). Des conseils et suggestions d’amélioration seront déposés sur le forum adhoc (le plus rapidement possible après le mini-colloque) afin que le groupe « évalué » puisse en profiter dans la rédaction du travail définitif.
Des difficultés rencontrées sont la mansuétude ou l’indulgence des étudiants envers leurs collègues, leurs « amis » et aussi la difficulté pour eux de mener une critique fondée et constructive. Elle est fortement atténuée par l’explicitation de mes attentes et de mes propres critères d’évaluation: l’explicitation est une clé du succès.
Conclusions
Nous venons de présenter et d’illustrer, dans deux articles, le concept des Flipped Classrooms, son origine, les changements qu’il propose dans nos façons d’agir, d’apprendre, d’enseigner. Je me permets de conseiller aux enseignants d’essayer cette stratégie, sur quelques heures de leur cours ou plus (voir le « flip » 7 au point 2 de l’article « Vous avez dit « Flipped Classrooms » »… et d’échanger avec moi ou avec des collègues sur cette pratique.
A propos de l’auteur
Marcel Lebrun est professeur à Université Catholique de Louvain. Institut de Pédagogie universitaire et des Multimédias (IPM).
Références
[1] Résonances est le journal de l’Institut de Pédagogie universitaire et des Multimédias (IPM) de l’UCL. Ces numéros mensuels sont disponibles sur: http://uclouvain.be/97753.html.
[2] Claroline (Classrooms on line) est une plateforme (un rassemblement d’outils technologiques) qui permet la gestion de différents types de dispositif. Développée initialement à l’UCL, elle est maintenant portée par un Consortium international: http://www.claroline.net.