Le fichier d’expression du Jeu du Mobile social II

le parcours de l’école obligatoire (6 à 18 ans)

Voici la seconde partie des épreuves d’expression accompagnant le Jeu du Mobile Social et couvrant le parcours d’un jeune de 6 à 18 ans. La première partie (0 à 6 ans) est présentée dans Le fichier d’expression du Jeu du Mobile Social (I).

ÉTAPE : 6-12 ans Scènes de l’école primaire

Objet de l’analyse permise par l’activité

Sur des images, il est possible de projeter les critiques de l’école que l’on porte en soi, sans que l’on puisse toujours bien les concevoir a priori.

  • Il peut en être de même de l’idéal de ce que doit être cette étape de l’éducation.

Matériel

  • Un certain nombre de photos représentant des scènes de l’école primaire. (Album à constituer à partir de magazines et autres livres illustrés. Des matériaux de ce type existe dans la publication du Grain : Qu’as-tu appris à l’école aujourd’hui ?
  • Un espace de jeu assez grand + quelques accessoires à déterminer par le groupe (tables, chaises,…) symbolisant l’école primaire.
  • Si on peut en disposer, la T.V. en circuit fermé.

Animation

On demande à chaque joueur de choisir dans les photos proposées, celles qui lui paraissent le mieux représenter l’école primaire courante. Il explique pourquoi il a choisi telle ou telle photo et ce que cette photo évoque. Il formule ensuite un jugement de valeurs à ce sujet : c’est bien, c’est dommage, c’est dépassé, … et commente pourquoi il pense cela.

Les différents commentaires sont regroupés et notés. Le public s’interroge sur le pourquoi de cette réalité. (On peut alimenter la réflexion par des lectures, par exemple le livre de Dupriez V., Cornet J., La rénovation de l’école primaire. Comprendre les enjeux du changement pédagogique, De Boeck, 2005.

Les joueurs doivent ensuite, par l’expression gestuelle, transformer les mêmes situations pour leur donner la forme que prendrait cet épisode dans une école primaire idéale. Ceci implique, préalablement, une préparation en petit groupe de personnes partageant, a priori, les mêmes visions de l’école.

Les scènes sont jouées, puis caractérisées. Ces caractéristiques sont notées.

Une discussion est menée sur le caractère souhaitable des pédagogies implicites aux scènes jouées (tout le monde peut ne pas être d’accord), d’une part, sur les conditions de leur pratique, d’autre part.

Suggestion

On peut aussi appliquer la même technique d’expression pour un autre niveau scolaire, voire une situation de travail. Le Jeu Motus, également édité par Le Grain, peut servir de point de départ de cette animation, en remplacement des photos. (Voir le guide de l’animateur du Jeu)

ÉTAPE : 6-12 ans La rédaction

Objet de l’analyse

Les sociologues ont montré que les valeurs culturelles de l’école sont plus proches de celles des familles de milieux supérieurs que de celles de milieux populaires. L’analyse de ce qui est valorisé dans l’expression littéraire permet de s’en rendre compte.

Sur le plan pédagogique, il est une façon de commenter des travaux insatisfaisants qui, soit encourage les jeunes à progresser en leur montrant le chemin à poursuivre, soit les démotive par des jugements négatifs démobilisateurs. Quelle forme prennent ces deux types de correction de rédaction ?

Matériel

  • Stylos à billes bleus et rouge
  • Des feuilles de farde

Animation

On choisit un meneur de jeu. Il joue le rôle de l’instituteur/trice. Les autres sont des élèves de 6ème primaire. Chaque enfant a un profil « social » construit à partir des caractéristiques de départ (cfr. cartes). Les joueurs disposent de 10 minutes environ pour réaliser l’épreuve.

L’instituteur/trice donne aux élèves une liste de mots, par exemple : difficile/facile, apprendre, barrière, jardin, parc, travail, grève, ensemble, projet, études, vacances, voyage, avenir, …

Chaque élève rédige une « rédaction » où ces mots interviennent au moins une fois.

Quand les « rédactions » sont terminées, l’instituteur/trice ramasse les feuillets et les corrige au stylo rouge, seul dans un premier temps. Il/elle prépare les commentaires qu’il donnera plus tard. Il s’attache au « style » (celui des anthologies) et à l’expression, à l’orthographe bien sûr ainsi qu’à l’originalité et la richesse des idées.

Ensuite, il/elle remet les feuilles aux différents élèves en les assortissant d’un commentaire public.

Mise en commun et interprétation

A partir de là, chacun abandonne son rôle pour préciser tout d’abord ce qu’il a voulu exprimer dans sa « rédaction » et ensuite ce qu’il a ressenti suite aux commentaires de l’instituteur/trice.

Le groupe essaye de tirer des conclusions sur les implicites de l’évaluation par l’enseignant, spécialement dans leurs dimensions culturelles.

Ensuite, tous ensemble, les participants essaient de définir les attitudes de l’instituteur/trice qui aurait pu comprendre chacun, son contexte culturel et les moyens d’expression dont il dispose. Comment peut-il encourager chacun et le faire progresser concrètement dans ses capacités d’expression ?

Suggestion

Dans un groupe assez important, il est utile de désigner plusieurs correcteurs. On peut aussi, dans un second stade, corriger de véritables rédactions en utilisant les nouveaux critères mis au point par le groupe.

ÉTAPE : 12-15 ans Bruitage à l’école secondaire

Objet de l’analyse

Dans l’enseignement secondaire, les jeunes vivent un rapport à l’environnement qui peut avoir de fortes conséquences sur l’identité de leur personne. Quel environnement de travail l’école propose-t-elle à ses élèves, selon les différentes filières de l’enseignement secondaire où ils se trouvent ?

Matériel

Enregistreurs, Différents instruments hétéroclites permettant des bruits divers (bouts de bois, pots de fleurs suspendus, caisses, bouteilles, clous, peigne…). Grande variété de musiques (exclure les chansons). Usage des cordes vocales…

Animation

On demande de « rendre » par un bruitage, les atmosphères caractéristiques des différentes sections de l’enseignement secondaire (ex. un cours d’histoire ou de français en transition ; un atelier machines-outils, en qualification,…).

S’il y a peu de participants, tous participent aux différents bruitages ; s’ils sont nombreux, ils se regroupent par section d’études. Par « bruitage », on entend toutes formes de bruits, sauf la parole (on peut utiliser la voix).

Après des essais, les bruitages sont enregistrés.

Mise en commun et interprétation

  • Quelle image du futur travail et de ses conditions d’exercice, les bruitages donnent-ils ?
  • En quoi anticipent-ils ou non les réalités physiques du travail ?

Suggestion

Pour réaliser valablement le bruitage, il apparaîtra peut-être nécessaire d’aller préalablement enquêter sur place pour déceler les caractéristiques essentielles des atmosphères à évoquer, car c’est un aspect auquel on ne fait pas attention spontanément.

ÉTAPE : 12-15 ans L’influence de la publicité sur l’image de l’homme et de la femme

Objet de l’analyse

  • Comprendre comment la publicité utilise un idéal désiré par un public cible pour vendre des biens ou services.
  • Quel modèle identitaire les publicités proposent-elles aux jeunes ?

Matériel

  • Journaux, revues pour jeunes et pour adultes. Éventuellement, enregistrements de publicités radiophoniques ou télévisées.
  • Panneau d’affichage, papier couleur….

Animation

Les participants collectent pendant un mois environ, dans les revues et hebdomadaires « familiaux », des publicités pour une gamme de produits courants ou non, définie au départ.

Quand les documents paraissent suffisants, les joueurs prennent alors une certaine distance par rapport à eux-mêmes pour se mettre dans la peau de leur personnage (cfr. cartes).

Ils construisent des panneaux muraux, par catégorie sociale, en regroupant les publicités pour le même type de produit, selon ce qu’ils pensent que « lisent » les jeunes qu’ils sont censés être.

Mise en commun et interprétation

On compare les différents panneaux et on en tire des conclusions, en évitant de « moraliser » la question.

  • Sur quelles valeurs, sur quels désirs s’appuient les différentes publicités pour vendre leur produit ? Peut-on dégager des registres selon le type de produit ?
  • La stratégie publicitaire varie-t-elle selon le groupe social visé ?
  • Quelle est l’image que les publicités donnent de l’homme, de la femme, de l’enfant, du corps, de la sexualité, de la couleur de peau ?
  • Quelle conception de la personne est donnée à travers ces images ?
  • Comparer les publicités passant par les magazines et celles passant par la radio et la T.V. Peut-on identifier un public cible différents selon le média utilisé ?

Suggestion

Cette animation peut être l’occasion d’une recherche sur le type de périodiques et de journaux lus dans les familles selon la catégorie sociale à laquelle elles appartiennent, sur les chaînes et le type d’émission regardés dans les différents milieux sociaux.

ÉTAPE : 18 ans et plus La demande d’emploi ou la demande d’inscription dans l’enseignement supérieur

Objet de l’analyse

Le destin social probable des jeunes prend une tournure décisive au terme de l’enseignement secondaire. A cet âge, beaucoup de choses sont déjà jouées par rapport à la position que le jeune occupera dans la société.

  • Comment l’éducation reçue, le cursus scolaire suivi, ainsi que les facteurs à la base de ces derniers déterminent-ils cet avenir ?
  • Comment les jeunes se construisent-ils une identité devant le type d’avenir qui se dessine devant eux ?

Matériel

  • Si marionnettes : large éventail de personnages + décor.
  • Si ombres chinoises : drap de lit + spot ou projecteur.
  • Si mime : un espace de jeu libre.

Animation

Chaque joueur est censé être au bout de sa filière d’études secondaires. Il faut lui assigner une origine sociale (cartes de départ) et une position scolaire au terme du secondaire (filière suivie et niveau de réussite).

En fonction de ces éléments, il joue une scène où il représente les démarches qu’il doit mener, soit pour continuer des études supérieures, soit pour être embauché, soit pour s’inscrire au chômage, en choisissant une technique d’expression, telles celles proposées plus haut.

S’il y a plusieurs joueurs issus d’une même filière, on choisit une situation commune que l’on joue ensemble. Si l’on est seul dans la filière, on peut faire appel à d’autres participants auxquels on distribue des rôles (ceux-ci abandonnent momentanément leur propre condition sociale). (Les deux premiers modes d’expression permettent aisément de jouer seul).

Mise en commun et interprétation

L’analyse des scènes jouées peut se faire à différents niveaux. Pour servir de support à l’analyse, il est intéressant de demander à chaque joueur ce qu’il a ressenti quand il a effectué les démarches requises pour la suite de son avenir.

  • Comment chacun voit-il son avenir ?
  • Que ressent-il en comparant son destin probable avec celui évoqué par les autres scènes ?
  • Quelles stratégies éventuelles, quels projets construit-il ?
  • Comment relit-il sa jeunesse et sa trajectoire scolaire face au destin social qui s’annonce ?
  • Qu’est ce que cela pourrait-il être pour lui, « réussir » sa vie ?
  • Comment pense-t-il « réussir » sa vie, devant le futur qui se dessine pour lui ?

Suggestion

La lecture des documents suivants donnera des informations sur la trajectoire des jeunes et leur mode d’insertion : Conter B., Hecq C., Plasman D., « Insertion professionnelle : suffit-il de former ? », in Wallonie, n°53, juillet 1998, pp. 26-36 et Stroobants M., Vanheerswynghels A., « L’enseignement face aux incertitudes du marché de l’emploi. Interrogations sur le contenu des compétences », in Actes du 1er Congrès des chercheurs en éducation, Ministère de la Communauté française de Belgique, mai-juin 2000.

Ce type d’exercice peut être suivi d’un travail sur le projet personnel du jeune. Voir la méthodologie de ce type d’animation dans Tilman F., Penser le projet. Concepts et outils d’une pédagogie émancipatrice, Chronique Sociale, chapitre 5.

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