Première partie : les souffrances de l’exil
Attisées par des procédures de demande d’asile pathogènes et discriminantes, les souffrances des exilé(e)s sont d’un ordre particulier et touchent à la capacité même des personnes à se considérer comme des sujets. Explications, illustrations et discussions par Alain Vanoeteren, Emmanuel Declercq et Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky.
Les contradictions des politiques migratoires de la suspicion et leur caractère pathogène
« L’exil n’est pas une affaire de migrants, remarque Alain Vanoeteren, c’est le sort tragique de sédentaires ». Le psychothérapeute et directeur du centre Ulysse nous rappelle avec justesse qu’ « on quitte rarement le pays natal le cœur léger ». Dans l’imaginaire humain, de nombreux héros eu à quitter leur terre natale, et c’est en référence à cet exil qu’a été nommé le centre Ulysse.
Il témoigne de l’écart entre le contenu manifeste de la Convention de Genève (protéger les réfugiés) et sa mise en pratique (suspecter les demandeurs de travestir la vérité). La Convention stipule en effet que « Le demandeur d’asile mérite d’être protégé contre ceux qui l’ont traité de façon barbare ». Dans la pratique et de manière latente, elle est plutôt entendue comme suit : « Nous devons nous protéger contre ceux qui tentent de nous mener en bateau ». En effet, depuis que les procédures ont été formellement limitées aux demandes de protection, les demandeurs d’asiles sont suspectés de se faire passer à tort comme étant en besoin de protection.
Une grande part de la procédure consiste donc à vérifier la légitimité de la demande de protection, de manière principalement administrative. Le problème, c’est que les personnes ayant dû fuir une situation dangereuse disposent de peu de preuves et qu’elles sont nombreuses à être parties sans leurs papiers. Le fonctionnaire de l’Etat doit donc se baser sur le contenu des entretiens individuels, où il s’agit, en quelques heures d’interrogatoires, de trancher sur la véracité de ce que la personne dit avoir subi. L’accès au statut de demandeur d’asile, pourtant conditionné aux personnes persécutées, est donc en pratique très difficile pour les personnes souffrant d’un trauma, car elles peinent généralement à apporter des preuves tangibles et à tenir un discours cohérent.
De la même manière, et je me permets de faire ici référence à la seconde partie du colloque, Stefan Le Courant s’interroge sur les bénéfices des mesures de rétention, qui fragilisent ce qui a été acquis jusqu’alors. Désintégrant la place qui a été trouvée et l’argent qui a été gagné depuis l’arrivée, la rétention fonctionne à contre-courant des mesures d’intégration ; fermant l’accès aux emplois légaux et renforçant une image de soi qualifiée par la délinquance, les arrêts répétés des personnes produisent de la clandestinité là où il y avait construction d’un projet. Ce qui est mis à mal, ce n’est pas seulement une installation durable et digne dans le pays d’arrivée, c’est aussi la possibilité d’un retour dans le pays de départ après quelques années d’économies. Ainsi, les frontières, dont la prétention est d’empêcher les allées et venues, « enferment en fait sur le territoire » ; dans la pratique « elles endiguent plutôt que d’empêcher ».
Quant à la procédure de demande d’asile, Alain Vanoeteren estime à 80 voire 90% les personnes reçues par son centre qui n’ont pas été reconnues comme « réfugiés » alors qu’elles sont bel et bien en besoin de protection. Comment comprendre que ces personnes, qui présentent des souffrances extrêmes, n’aient pourtant pas obtenu le statut de réfugiés ? Parce qu’elles souffrent de troubles de la mémoire, de troubles de la concentration, de reviviscences et d’autres symptômes encore, les personnes qui présentent un syndrome post-traumatique peuvent difficilement être convaincantes. Le directeur du centre Ulysse peine à comprendre que la procédure d’asile soit discriminante vis-à-vis de ces critères de santé mentale.
La procédure d’asile en devient pathogène, non seulement parce qu’elle stimule le souvenir d’expériences passées parfois horrifiques mais aussi parce qu’elle est lourde d’enjeux. Une personne qui n’a pas été assez convaincante sur les souffrances subies reçoit en effet une motivation écrite lui refusant le droit d’asile en déclarant, par exemple, qu’elle « travestit » « clairement » « la vérité », ou encore que son récit n’est pas « crédible », une rhétorique particulièrement brutale. De tels messages sont violents et renforcent le sentiment de n’être plus le sujet de sa propre histoire.
Des vécus déshumanisants, des sujets qui n’en sont plus
Emmanuel Declercq, psychologue, sexologue, psychothérapeute d’orientation psychanalytique, explique que les rencontres avec des patients ayant des vécus traumatiques sont d’une autre nature que celles avec d’autres patients : « On y est témoin de traumatismes extrêmes qui abîment le sujet et son élan vital ». Les expériences vécues, qu’il qualifie de « déshumanisantes », s’entremêlent aux traumatismes liés à la procédure d’exil elle-même. L’enjeu de la psychothérapie est donc de relancer un processus de ré-humanisation. « Il ne s’y agit plus d’écouter avec une attention flottante un sujet qui fait des associations libres, mais plutôt d’accompagner le sujet dans la capacité même à faire ces associations et à penser l’impensable ».
Pour Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, anthropologue et psychologue, c’est dans la prise de parole des personnes que se reflète leur capacité à se penser comme sujets de leur propre histoire. C’est, dit-elle, « là où finit le langage que commence la crise ». C’est sur cette prise de parole, son absence, sa délicate reconquête par les demandeurs d’asile que travaille la psychologue et anthropologue, dans les consultations qu’elle donne à l’hôpital Avicenne de Bobigny. « Conquérant peu à peu la capacité de raconter leur vie, ils regagnent alors celle d’en avoir une… ».
Les traumatismes extrêmes vécus dans leurs pays de départ, la rupture des liens sociaux et la violence des régimes politiques de suspicion dans les pays d’accueil sont autant d’atteintes à la parole des exilés. Les paroles qui leur sont livrées sont trompeuses et leur propre parole est constamment mise en doute. Ainsi, d’après Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, accompagner ces personnes consiste principalement à remettre au centre la parole d’un sujet qui se vit comme agissant, et non à se borner de soigner un patient. « Il ne s’agit pas seulement de santé mentale, il s’agit de sens, de perte de sens et de perte de place dans un monde commun ».
Seconde partie : parcours migratoires, stratégies et solidarités subversives
La présentation de Pierre-Joseph Laurent permet le passage à un autre registre. C’est l’exil en tant que choix stratégique et en tant que principe d’organisation des familles qui nous est donné à entendre ici. Dans son ouvrage « Amours pragmatiques. Famille et migration au Cap Vert », l’anthropologue raconte les stratégies familiales de quelques familles capverdiennes qui ont migré vers l’Italie ou les Etats-Unis.
Ainsi, Claudia a laissé derrière elle ses cinq enfants pour devenir l’une des nombreuses petites mains qui participeront à l’émancipation des femmes italiennes. Elle ne peut y être employée qu’en étant libre de charge de famille. Dans l’ombre, elle entretient donc financièrement les quatre familles qui ont pris en charge la sienne, pendant qu’elle tient un ménage qui n’est pas le sien. Un jour, elle reviendra. Quand elle aura gagné ce qui lui permettra de construire une maison, au prix de longues années de dur labeur et de solitude. D’ici là, elle prend soin de ce large réseau qu’est devenu sa famille.
En prenant cet emploi, elle est devenue elle-même l’un des maillons d’une grande chaîne dans laquelle les femmes délèguent certaines tâches (de l’ordre du care) à d’autres, lorsqu’elles sont capables de payer quelqu’un d’un niveau socio-économique inférieur. Ainsi, l’employeuse de Claudia emploie Claudia, qui elle-même emploie diverses femmes pour le soin de ses enfants, qui elles-mêmes doivent faire appel à quelqu’un pour les remplacer dans ce qu’elles faisaient jusqu’alors : tenir leur maison, s’occuper de leurs propres enfants. C’est ce que l’on appelle « la chaîne globale du care ». S’y reproduit une longue série de rapports de force, mesurés aux écarts de valeur financière entre le travail de l’une et celui de celle qu’elle emploie.
Dans les trois familles accompagnées par l’anthropologue pendant une douzaine d’années, la migration restructure en permanence un large réseau aux liens complexes et changeants. L’alliance y apparait parfois comme une formalité dont le sens et l’importance sont relatifs aux contingences de la migration. La filiation a d’ailleurs plus de poids que l’alliance dans le maintien et l’organisation des familles, et fait de la grossesse une alternative au mariage ; elle crée d’autres liens qu’il sera possible de mobiliser ensuite, pour un regroupement familial ou pour qu’une mère malade ou âgée soit prise en charge par ses enfants. Même à distance, les familles se restructurent en permanence en fonction des opportunités dans les pays d’accueil. Les femmes jouent dans ce processus un rôle central : elles créent, entretiennent et restructurent les liens familiaux en fonction des politiques migratoires et au gré des possibilités administratives.
L’intervention de Jacinthe Mazzochetti arrive ensuite à point pour nous rappeler justement que les femmes prennent de plus en plus d’importance dans les flux migratoires. Elle dénonce l’invisibilité des femmes migrantes dans les recherches, puis l’orientation misérabiliste et sélective des recherches récentes, qui se concentrent sur les secteurs de l’aide et du soin, ou celui de la prostitution. Or, de plus en plus de femmes seules et qualifiées migrent, et elles ne se laissent pas facilement assigner à ces places trop étroites.
L’anthropologue, qui a co-écrit l’ouvrage « Plurielles. Femmes de la diaspora africaine » (Karthala, 2016), nous invite à nous intéresser aux récits et aux perceptions de ces femmes quant à la façon dont elles sont accueillies, assignées à certaines places, et représentées dans les médias. Ainsi témoigne l’une d’elles : « quand je suis arrivée en Belgique, j’ai découvert que j’étais juste une femme noire ». Une autre constate avec effarement, dans une agence intérim, qu’être femme noire équivaut de manière presqu’automatique à être femme de ménage.
A contre-courant de ces assignations forcées, l’intervenante et sa co-auteure proposent de rendre à ces femmes toute leur place de sujets. Les « biographiant » plutôt que les « enquêtant », les autrices transmettent les analyses et les connaissances de ces femmes quant aux questions migratoires, aux questions de genre et aux questions de racisme. Par là, elles nous donnent à voir et à entendre ce qu’elles appellent des « contre-récits » ou des « contre-regards » de femmes qui se refusent aux assignations discriminantes et aliénantes.
S’il s’agissait, avec Jacinthe Mazzochetti, de refuser les assignations à des places préétablies, Stefan Le Courant, Chloé Allen et Laurent Gilson nous entraînent dans d’autres récits où les frontières traversées et contestées ne sont plus des catégories identitaires mais plutôt les frontières nationales qui bordent la France. Pour Stefan Le Courant,« la frontière est peut-être moins un instrument de délimitation géographique des territoires qu’un instrument qui gouverne les populations de manière différenciée : on en laisse passer certains, on en retient d’autres ». Plutôt qu’un tracé linéaire, c’est un ensemble de « points connectés les uns aux autres », comme les consulats ou les zones d’attente dans les aéroports. Depuis les années 80, les frontières se matérialisent dans d’autres lieux et s’incarnent dans des personnes de plus en plus nombreuses, comme les transporteurs (bateliers, chauffeurs de camion à Calais,…). Rendus responsables de la présence, dans leur véhicule, de personnes en situation illégale, ils deviennent potentiellement des agents de contrôle, pour ceux qui acceptent d’endosser ce rôle (ce qui n’est pas le cas de tous).
En découle une omniprésence de la frontière, pour les personnes non autorisées. Chaque rencontre, chaque relation, chaque lieu constitue un risque potentiel de se faire arrêter. Où est la frontière, et où n’est-elle pas ? Dans une situation où tout le monde peut potentiellement faire pression sur eux, pour les migrants sans papiers « la frontière fonctionne comme une menace, et la menace fonctionne comme une frontière ». A qui peut-on faire confiance ? Cela en mène certains à aller travailler en dépit d’une grave blessure, ou à s’enfuir lorsqu’une procédure commerciale traine un peu trop… Les rapports amoureux en sont eux aussi troublés : quand dire à l’autre que je n’ai pas de papiers ? Puis-je lui faire confiance ? Va-t-elle/il croire que je ne suis intéressé(e) que par les papiers ? Si la suspicion caractérise les politiques migratoires actuelles, elle caractérise aussi l’expérience des migrants, en permanence dans la crainte d’une mise à découvert. S’en suit la nécessité de faire, sans cesse, des choix d’importance stratégique.
A Vintimille, où Laurent Gilson et Chloé Allen ont mené une partie de leurs recherches, la frontière franco-italienne s’est vue fortement militarisée depuis l’attentat de Paris et la mise en place consécutive de l’état d’urgence fin 2013. Dans cette petite ville côtière italienne, les forces de police françaises procèdent à plus d’une centaine d’arrêts par jour, et les tentatives visant à leur échapper se soldent parfois par la mort (14 morts « officielles » entre 2016 et 2017, chiffre contesté par les associations militantes qui estiment que le chiffre réel est deux à trois fois plus élevé). Dans cette vallée où une situation a priori temporaire perdure depuis plusieurs années, le pouvoir discrétionnaire des agents de contrôle prend le pas sur les prescriptions de l’état de droit… « Jamais considérés comme sujets politiques mais toujours interpellés comme objets de police », les migrants y vivent dans une sorte de noman’s land.
L’acquisition progressive de connaissances fines sur leur environnement et des tactiques sans cesse renouvelées (face aux stratégies changeantes des forces de police) permettent aux exilés de survivre ou de traverser comme ils peuvent, parfois aux dépends les uns des autres, souvent grâce à l’engagement politique des habitants de la vallée. C’est de cet engagement et des modes sur lesquels il s’opère que nous parlent Laurent Gilson et Chloé Allen.
Pour le premier, les actions solidaires des habitants envers les migrants relèvent de l’infra politique, d’une « forme de résistance quotidienne, constamment renouvelée ». Les associations et les citoyens rencontrés par l’intervenant se sont souvent engagés de manière inattendue, au gré d’une rencontre avec un exilé perdu ou blessé. Choisir de guider ou d’héberger une personne exilée a fait d’eux des résistants, leur acte solidaire et spontané est rapidement devenu politique. C’est de ce politique « par le bas » que nous parle le jeune chercheur, et de la solidarité qui en découle : « avant d’être universelle, pensée, rationnelle, transcendantale et apolitique, l’hospitalité est locale, vécue, affective, immanente et éminemment politique, au sens du politique par le bas ».
Chloé Allen nous parle ensuite des stratégies de passage des frontières entre l’Italie et la France, qui ont évolué vers les Hautes Alpes en conséquence de la militarisation des vallées. Côté italien, au squat « chez Jésus », des militants anarchistes ont fait d’une salle des fêtes un lieu d’accueil pour permettre aux exilés de se reposer, de consulter des cartes et de s’équiper pour une traversée en montagne. Un peu plus loin, les « maraudeurs solidaires », un groupe d’habitués de la montagne qui arpentent régulièrement les chemins pour aider ou secourir les personnes blessées ou perdues. A Briançon même, le « refuge solidaire » constitue le principal point de chute de ceux qui sont parvenus à traverser. Ils y prennent un court répit, de quelques jours tout au plus, pendant lesquels on leur propose de l’aide pour trouver une famille d’accueil, acheter des tickets de train ou décider de leur projet migratoire (vers quelle ville, quel pays aller maintenant ?).
Les militants anarchistes, qui sont par définition contre l’Etat et donc contre les principes mêmes de frontière ou de citoyenneté nationale « questionnent les logiques purement humanitaires qu’ils jugent parfois paternalistes et naïves ». D’autres, moins radicaux, visent plutôt l’inclusion des exilés dans la société existante et l’ouverture des frontières (plutôt que leur abolition). Pour les premiers, l’engagement en faveur des migrants découle d’une vision politique forte ; pour les seconds, c’est peut-être plutôt l’engagement « par le bas » (au sens évoqué par Laurent Gilson) qui les amène à la conscience et à l’action politique.
Brisées par les violences vécues avant de partir et/ou tout au long de leur parcours, les personnes qui se sont arrachées à leur terre natale (pour citer Alain Vanoeteren) semblent, à l’arrivée, vides de mots et vidées de leur histoire singulière, comme si leur vie (passée comme présente) ne leur appartenait plus. C’est ce que nous avons vu dans la première partie. La seconde a permis de montrer qu’étudier les frontières, les stratégies qui permettent de les traverser et les résistances que soulèvent leur contrôle militaire mettent en valeur les migrants (et les personnes qui les soutiennent) en tant qu’acteurs faisant des choix et agissant sur leur destinée ; c’est justement ce sur quoi il s’agit de travailler pour permettre aux exilés avec des vécus traumatiques de redonner du sens à ce qu’ils vivent.
Permettre le ré-avènement du sujet
La clinique d’Avicenne où travaille Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky n’est pas n’importe quelle clinique : on n’y arbore pas de blouses blanches, on y soigne les âmes autant qu’on y soigne les corps. Comme celle de cet homme, qui vient de Guinée-Conakry. « Est-ce que je suis fou ? » Il a perdu les mots depuis que la violence en a fait exploser le sens. Père de famille venant d’une situation aisée, il ne comprend pas ce qui lui est tombé dessus lorsqu’il a été séparé de sa famille, enfermé et torturé. « La mort, ce n’est pas une chose qu’elles ont frôlée, c’est quelque chose qu’elles ont vécu » déclarait la psychologue et anthropologue à propos des personnes qu’elle accompagne.
« Dans le pays du non-refuge, où la parole est non entendue », le trauma redouble et tout l’enjeu devient alors d’accompagner la personne « dans le déploiement d’une expérience qui pourra le porter comme sujet ». Que certaines de ces personnes décident de se présenter en consultation et d’interpeller un tiers « permet déjà de réanimer quelque chose : le ‘sujet’ d’un ‘choix forcé’ ». Et c’est la toute la complexité de ce que vivent les exilés : « contraints » de « choisir » un pénible départ, ils se voient déployer une multitude de stratégies pour traverser les frontières. Malgré ces épreuves, qui paradoxalement devraient confirmer l’agentivité et la puissance des personnes qui les traversent, le sens de la vie s’étiole au fur et à mesure non seulement des violences et des humiliations vécues, mais encore et surtout de la négation, dans les procédures de demande d’asile, de cette violence et de ses effets déshumanisants.
C’est bien pour cela que, pour Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, le travail doit se prolonger au-delà de la clinique en tant que telle. Puisque « le propre du trauma est de désolidariser l’individu des autres – on est seul avec ce que l’on a vécu » il faut pouvoir accompagner ces personnes jusque dans la sphère politico-administrative. « Le système des procédures d’asile est un système impossible : on ne peut entendre une parole de vérité dans le cadre d’une administration défiante qui exige cohérence et spontanéité ». Pour un réel changement, elle nous rappelle l’importance de la dimension politique dans la clinique du trauma.