Dans ce sens, ces filles témoignent toutes des contradictions et de doutes qui les traversent à ce moment précis : Quelle(s) femme(s) devenir ? Quel(s) choix amoureux ? Quel(s) modèle(s) identificatoire(s) ? Et par-dessus tout, comment composer ?
Méthodologie de recherche
La présente analyse est une synthèse d’un article que j’ai récemment publié, intitulé Histoires d’ombre et de lumière : trajectoires de femmes descendantes d’immigrés maghrébins. Complexité, combats et réalisations [Lahdily, 2021].
Pour soulever ces questions, les matériaux de recherche ont été multiples. Bien qu’ils reposent principalement sur trois récits de jeunes femmes, le présent article s’inscrit dans une démarche plus large qui prend naissance au sein de deux terrains. Le premier, en 2014, consacré aux rêves et aux désillusions de la jeunesse de Molenbeek [Lahdily, 2016].
Le deuxième au sein d’une l’école où j’effectue, en 2017, deux entretiens en vue de la réalisation de cet article. Le présent article propose une synthèse des principaux apports d’une recherche née dans la suite d’entretiens retranscrits et analysés.
Intervenante sociale pendant dix ans au sein d’un établissement scolaire, mon travail d’écriture s’inscrit dans une pratique professionnelle dont je tire des matériaux de recherche. Cette donnée me place d’emblée dans une double posture. Celle de chercheuse et de praticienne. Enfin, bien qu’il s’agisse d’un écrit de type anthropologique, mon travail dépasse, à mon sens, la simple écriture académique pour s’inscrire dans une démarche de « changement ». Il a l’ambition d’être un texte engagé dans un travail d’émancipation du corps des femmes. L’écriture de ce texte s’inscrit donc dans une sorte de « sororité », un destin commun avec ces jeunes filles.
Angle de vue de l’auteur
L’histoire de ces femmes est sous bien des aspects, celle de toutes les femmes. Je m’éloigne dans ce sens de la perspective culturaliste pour resituer mon propos dans une problématique avant tout sociale, déclinant au fil des lignes, des notions telles que l’identité, le corps, les rapports de sexe et de genre ainsi que les mécanismes de domination économique et sociale.
Mes interlocutrices ont la spécificité d’être descendantes d’immigrés. Elles portent une histoire d’exil qui les rend singulières. C’est au travers de cette spécificité, d’être le produit d’une histoire migratoire, que j’appréhende ces femmes : le souhait est de ne jamais les enfermer. En effet, au-delà de la culture, ou plutôt des cultures auxquelles elles appartiennent, ces jeunes filles partagent une histoire et un destin commun avec toutes les femmes notamment autour de la condition même d’être assignées « femme ».
Bien que je défende cette idée, l’envie de se focaliser sur ces jeunes en filles en particulier émane de plusieurs motivations. Tout d’abord parce que je suis indéniablement « affectée » [Favret Saada, 2009] par le sujet. Ensuite, je souhaite rendre visible le vécu des femmes issues de l’immigration ou descendantes d’immigrés, car, comme le mentionne Mazzocchetti (2021), les études féministes ont longtemps occulté la spécificité des femmes migrantes au profit de théories centrées sur le modèle d’une femme « universelle ». Il faudra d’ailleurs attendre les années 2000 pour que l’on s’y intéresse.
L’envie est également de « rendre audible » ce qui est encore trop souvent « tu » dans les histoires, particulièrement lorsque cela concerne les femmes et leur corps. En effet, dans les sphères sociales, familiales ou culturelles de type traditionnel, les questions de l’intime, du corps et de la sexualité sont rarement abordées, comme impossible à dire, à raconter. Soulever ces thématiques à travers l’article participe donc à faire avancer le débat.
Ce que la recherche menée démontre également c’est que franchir les interdits, ne pas suivre les règles amène certaines filles à vivre des souffrances intimes, impossible à dire et à vivre et/ ou se cacher dans la honte.
Il s’agit donc de rendre compte d’une parole de femmes à travers un travail d’écriture dans le but de susciter le « pouvoir dire », le « pouvoir agir », le « pouvoir se raconter », le « pouvoir se croire capable de », quatre principes d’action qui participent au sentiment de dignité et de légitimité. [Lorraine Gerstmans, 2021, P71]
Une parole qui ne sert donc ni les intérêts des dominants, de la société ou de la famille, mais bien des femmes elles-mêmes : « un écrit de femmes, à partir de récits de femmes, au sujet des femmes ».
Présentation des apports de ma recherche
Lina, Sara et Amina sont trois jeunes filles belges, descendantes d’immigrés maghrébins. Elles sont donc le produit de l’histoire migratoire de leurs parents. [Santelli, 2007]
Ce qualificatif de « descendantes d’immigrés » n’est qu’une caractéristique parmi d’autres comme peuvent l’être le sexe, l’origine sociale et l’âge. Lina, Sara et Amina sont avant tout trois adolescentes qui portent les caractéristiques de la génération actuelle traversée par l’adolescence et les bouleversements qu’elle comporte. [Castel, 2006]
Mes interlocutrices demeurent des êtres complexes et multiples et il importe de ne pas occulter la singularité de leur parcours, de leur expérience, de leur situation et de leur construction identitaire dans la société, au risque d’entretenir l’amalgame et de participer à la coproduction d’une représentation erronée au détriment de ces populations. [Santelli, 2007]
Habitées pas une envie farouche de réussir, s’affirmer et composer avec des modèles différents – mais sans jamais y être enfermées – ces filles se conforment à la société sans s’y soumettre totalement. Elles adhérent aux principes familiaux sans se les approprier comme tels. Elles tentent également de s’émanciper de la condition de femme à laquelle on les assigne sans jamais y parvenir totalement. En tant que femmes, elles évoquent l’envie de s’éloigner des modèles traditionnels proposés dans les familles et/ou par la société, notamment à travers la figure du couple.
Bien qu’imprégnées d’une volonté de s’affirmer, elles expriment une colère et un sentiment d’injustice face à la manière dont elles sont éduquées par rapport aux garçons. Elles évoquent un quotidien surveillé qui rend difficile le vécu des relations affectives et amoureuses.
En ce sens, Chauchat et Boudarse (2001) évoquent une situation de double transition vécue chez les jeunes filles. D’abord autour du passage de la culture familiale aux normes occidentales.
Ensuite, en ce qui concerne la sexualité, où les normes familiales et celle de la société occidentale sont particulièrement différentes.
Pour se forger des chemins de réalisation personnelle [Qribi, 2017], ces filles font preuve d’une capacité d’adaptation créative et mettent en place des stratégies identitaires hybrides et originales.
L’article rend compte de ces stratégies de négociation que mettent en place les jeunes filles dans le but de concilier des modèles sociaux différents et dans le but de vivre des moments d’amour, dans un contexte qui peut s’avérer plus ou moins contraignant selon les familles.
Un double jeu se met en place.
Du côté des filles : mensonges, double vie, double langage, stratégies de contournement et de ruses font partie du quotidien pour espérer vivre des moments de liberté à l’abri des regards et maintenir la paix familiale [Jamoulle, 2009].
Du côté de la famille, on assiste la mise en place de « stratégies de surveillance et de contrôle » dans le but d’éviter tout jugement négatif sur la fille ou la famille par la communauté.
Ma recherche montre également comment ce quotidien peut se cristalliser autour du choix du partenaire. Ce que relatent mes interlocutrices, c’est que ce choix est plus libre qu’il ne l’a été pour leurs parents.
Elles disent pouvoir connaître leur partenaire avant le mariage et dialoguer plus facilement avec lui. Néanmoins, elles précisent que certains critères demeurent, notamment qu’il soit d’origine maghrébine et de confession musulmane. En effet, selon Gerraoui (1997), la plupart des filles n’envisagent pas d’épouser un Belge « de souche ».
L’espoir donc d’épouser un garçon « musulman » est le souhait de mes interlocutrices.
Mais le choix amoureux peut s’avérer problématique lorsque les jeunes filles choisissent un partenaire qui ne respecte pas ces critères d’endogamie.
Dans ce contexte et au cœur des relations affectives et amoureuses peuvent jaillir la souffrance et le tiraillement. Lorsque la négociation n’est pas envisageable, lorsque la situation devient intenable, certaines d’entre elles se heurtent aux difficultés de se réaliser. N’ayant que peu de solutions, la confrontation entre ces deux mondes peut générer une souffrance intime où tout se joue entre résignation et rébellion. « Tiraillé.e.s entre les différentes attentes et les exigences des deux modèles auxquels elles/ils veulent satisfaire, désirant préserver aussi bien les liens affectifs avec leurs parents que la reconnaissance des membres de la société dite d’accueil, la question de l’équilibre psychique se pose. » [Camilleri, 1989]
L’honneur et l’impératif de virginité sont également au cœur des questions soulevées dans l’article. Il convient de souligner que l’honneur se concentre principalement autour du corps de la femme et se joue au travers des relations sexuelles et de l’impératif de virginité.
Bien que la virginité suscite énormément de craintes et de contrôle, elle est un principe que mes interlocutrices souhaitent respecter. Elle incarne à leurs yeux, l’honneur et le respect.
Cet attachement à la virginité, revendiqué par les deux sexes, montre qu’actuellement encore, ce dernier reste « le symbole de pureté par excellence ». [Lacoste-Dujardin, 1995, p 56]
La perte de la virginité constitue donc encore une transgression majeure « qui fait radicalement sortir les femmes de la catégorie des femmes « honnêtes et vertueuses », celle que l’on peut épouser ». [Charpentier, 2010]. Et aujourd’hui encore, le fait de « certifier un hymen intact » demeure un capital féminin essentiel sur le marché matrimonial.
Pour la sociologue Naaman Guessous (2000), la question de la virginité est avant tout culturelle et sociale avant d’être religieuse et elle cristallise à elle seule les enjeux liés aux rapports sociaux de sexe. La virginité « constitue l’un des aspects de la socialisation féminine de la sexualité et, plus spécifiquement, du contrôle social de la sexualité. » [Naaman Gessous, 2000]
Alors que la question de la pureté masculine quant à elle est rarement envisagée, voire stigmatisée dans certains milieux. Dans ce sens, elle contribue à l’édification de la virilité. A contrario, donc, la nécessité d’être sexuellement à la hauteur du rôle viril constitue ainsi une autre forme de violence symbolique qui peut peser lourdement sur les jeunes garçons. [Naaman Guessous,1987]
Concernant « l’honneur », soulignons, selon Tersigni (2001) qu’il n’est pas figé, immuable ou intemporel. L’auteur invite à sortir de la conception « culturelle » liée à la pudeur, la pureté et la honte pour poser un regard nouveau, celui du jeu interethnique. Selon elle : « si, en France, a pu se créer l’obsession de l’hymen intact à tout prix avant le mariage, c’est parce que cet élément a été saisi comme type de la « maghrébinité assignée », puis stigmatisé et ensuite réinvesti comme emblème identitaire des minoritaires ». [Tersigni, 2001]
Ce point de vue évoque le rapport à l’altérité et replace la question de la sexualité dans un enjeu majeur, celui de l’identité. L’auteur précise d’ailleurs qu’il s’agit d’une altérité imposée puis valorisée. La question de l’honneur est également inscrite dans l’histoire coloniale au sein de laquelle la question des femmes a représenté un enjeu réel et symbolique dans les relations entre la métropole et l’Afrique du Nord. L’auteur lie donc également ici, l’intime au politique et resitue l’histoire de ces femmes dans un processus migratoire évolutif et s’éloigne donc de la perspective culturaliste.
Enfin, ma recherche aborde le rôle des pères et des mères et montre comment les pères les plus rigides ne tolèreront aucun compromis, quand d’autres useront de stratégies dans le but de maintenir la paix familiale. On parle notamment d’arrangements silencieux qui permettent à la fille de vivre libre sans jamais mettre à mal l’honneur de la famille.
Les mères, quant à elles, ont principalement un rôle autour de la transmission et la perpétuation du modèle patriarcal dans le but d’éviter tout jugement négatif sur la fille et la famille.
Dès lors, bien que ce soit parce qu’on redoute qu’une relation sexuelle avec un garçon puisse avoir lieu que la surveillance des filles s’organise, l’envie de transmettre cet impératif perdure au sein de la communauté.
Mise en perspective et conclusion
Cerner la diversité des parcours et des identités est une donnée sine qua non pour comprendre les trajectoires de vie des femmes descendantes d’immigrés maghrébins. S’intéresser aux jeunes femmes maghrébines, c’est comprendre que l’on peut être à la fois femme indépendante occupant des postes à responsabilités tout en continuant, dans la sphère privée, à vivre des contradictions et des contraintes. Tout réside donc bien dans une complexité en mouvement et non pas dans des images figées et clivantes. C’est pourquoi il importe de comprendre l’importance du regard porté sur ces jeunes filles, un regard teinté de nuance et de bienveillance, et éviter ainsi de tomber dans le piège de l’ethnicisation les confinant uniquement à la sphère culturelle.
« L’enjeu est donc de substituer aux images qui oscillent entre misérabilisme et exotisme une image plus nuancée et plus complexe. » [Kebabza & Welzer-Lang, 2003 : 23]
L’identité est hybride, complexe et nouvelle. Cette particularité se traduit par exemple à travers les nouvelles tendances de mode, de voiles et d’entrepreneuriat chez ces femmes. De nouvelles formes d’appropriation de la religion, du féminisme et de l’espace social sont en train d’apparaître. Dès lors, loin d’être des victimes, elles sont porteuses d’une force créatrice de changement.
Au-delà de l’identité et des traces laissées par l’exil, l’idée que j’avance est que, face à cette construction identitaire, les femmes ne sont pas égales et que ce seront les plus précarisées d’entre-elles qui auront le plus de difficultés à dessiner une trajectoire de vie. Et donc, qu’au-delà de l’appartenance culturelle, la force des caractères, les conditions d’existence sociale et économique, la santé mentale, mais aussi l’histoire migratoire vont jouer un rôle prépondérant dans la manière dont les femmes vont mettre en place soit des stratégies d’ouverture, soit des stratégies de repli.
Il semble important d’ouvrir également une parenthèse sur une amorce de changement qui passe par le religieux. Pour ce faire, une réflexion autour d’une spiritualité est à préconiser. Une spiritualité décomplexée qui n’hésite pas à aborder les tabous, notamment autour des relations amoureuses, de la sexualité et des choix de vie personnels. L’enjeu réside dans la conception d’une spiritualité qui met l’essence divine et l’épanouissement de l’humain au centre de la pratique, et ce avant les dogmes et l’avis de la communauté (Umma). Je suis convaincue que ce travail peut être réalisé par les femmes et pour les femmes. Citons par ailleurs le travail déjà réalisé par des auteures telles que Fatima Mernissi ou Asma Lamrabet qui entreprennent un travail de déconstruction de la lecture « patriarcale et archaïque en vue de retrouver l’essence même du message divin ». [El Bouga, 2017 : 175]
La question ici est de savoir comment soutenir les jeunes filles en situation de souffrance. Comment les accompagner dans ces processus identitaires ? Il ne faut jamais perdre de vue que la souffrance peut être la source d’une force créatrice. Il semble utile de s’interroger sur les éléments et conditions favorisant son éclosion. Car, dans ces parcours jalonnés d’obstacles et de sources de souffrances personnelles – parfois indicibles-, la résilience est au cœur de la démarche. Le travail collectif semble aussi primordial pour espérer faire avancer les mœurs.
Envisager la création d’espaces thérapeutiques me paraît pertinent. Aussi, et à l’image de ce qui peut se faire dans d’autres communautés, la création d’espaces de soin et de reconstruction de soi, d’appropriation du corps par les femmes elles-mêmes, semble important. Encore faut-il que ces femmes franchissent les tabous et osent prendre position face à cette problématique.
Ces pistes envisagées invitent donc à sortir du silence et du ressenti de honte.
Ceci semble d’autant plus important que les enjeux et défis de la deuxième et troisième génération se situent principalement dans la sphère privée où elles ne cessent de surmonter des obstacles autour de la libre disposition du corps. Selon Lacoste-Dujardin (1995), la question qui se pose est de savoir s’il est envisageable pour elles de transgresser les règles sans remords, culpabilité et risque. Pour ce faire, il est important d’insister sur la mise en mots de la souffrance afin qu’elle s’érige en pouvoir et enclenche un processus de guérison, de changement et donc de résilience.
À travers le prisme des filles issues de l’immigration maghrébine, nous avons mis en avant la complexité des logiques identitaires, des tiraillements et des stratégies de liberté. Il semble important de souligner que ces processus ne sont pas l’apanage des filles descendantes d’immigrés maghrébins et que, sous d’autres aspects, ils s’apparentent à ce qui se joue dans d’autres sphères, principalement là où des individus rencontrent des situations de vulnérabilité empruntes de honte et de rejet.
Enfin, solidariser les femmes semble être un chemin à emprunter, un mouvement qui regrouperait des femmes plurielles. Une solidarité suivant la conception de Bell Hooks. Il s’agira ainsi de « refuser de fonder la solidarité sur une sympathie réciproque née de la souffrance partagée », et donc, de dépasser l’expérience commune de la souffrance et de l’oppression pour que la condition victimaire universelle et l’engagement politique soient le fondement de cette solidarité. [Ferraresse, 2012]
Dans ce sens, il importe de laisser ce travail aux femmes. Car « lutter pour son corps, sa santé et sa socialisation constitue le propre du sujet et non de victime » [Agier 2003, cité par Lorraine Gerstmans, 2021, P71]
Bibliographie
Charpentier I, 2010, Virginité des filles et rapports sociaux de sexe dans quelques récits d’écrivaines marocaines contemporaines, Genre, sexualité & société [Online], 3 | Printemps
Chauchat, H. & Boudarse, K., 2001, Transition personnelle chez des adolescentes musulmanes vivant en France : Du choc entre deux univers symboliques. Connexions, n° 76, 95-104
El Bouga N. & Gairn V., 2017, La sexualité dévoilée. Sexologue, féministe et musulmane. Edition Grasset
Favret-Saada J., 2009, Désorceler. Paris, Éditions de l’Olivier, coll. « Penser/Rêver », 172 p.
Ferrarese, E., 2012. bell hooks et le politique. La lutte, la souffrance et l’amour., Cahiers du Genre, 52, 219-240
Guerroui.Z.,1997, L’adolescente d’origine maghrébine en France : quels choix identificatoires, Spirale. Revue de recherche en éducation n°20 pp 147-161
Jamoulle P., 2009, Fragments d’intime. Paris, La Découverte, Alternatives sociales
Lacoste-Dujardin C, Sekik N., 1995, Les jeunes filles issues de l’immigration maghrébines: une problématique spécifiques. Rapport final, en Collaboration avec Baya Boualem et Saloua Ben