L’engouement pour l’agroécologie urbaine témoigne de la mutation du rapport au travail des plus jeunes générations

Entretiens avec de jeunes maraichers en Région Bruxelloise.

Il nous a semblé pertinent de présenter conjointement deux mouvements transitionnels qui interrogent le modèle économique actuel. D’une part, l’agriculture biologique et la réponse alternative qu’elle donne à une préoccupation toujours plus importante des consommateurs concernant une alimentation de qualité ; d’autre part les opportunités d’emploi qu’offre ce secteur dans le contexte bruxellois urbain et périurbain. Nous avons choisi d’explorer ce dispositif émergeant dans son rapport à l’emploi en allant à la rencontre de ses nouveaux acteurs, les maraichers urbains. Nous avons donné largement la parole à quelques-uns de ces jeunes maraichers en formation à la Ferme Urbaine de Neder Over Heembeek rencontrés hebdomadairement durant des temps d’auto cueillette[1].

Un modèle agricole en transition

Développé dès les années 20 en Autriche, en Suisse et en Angleterre, le courant de l’agriculture biologique se base notamment sur les travaux de Steiner sur l’agriculture biodynamique (Allemagne), ceux d’Howard sur l’agriculture organique (Grande Bretagne) et ceux de Rusch sur l’agriculture biologique (Suisse). Il se présente comme système global de production agricole (végétale et animale) qui privilégie les pratiques de prévention et de gestion dans le respect des équilibres naturels[2]. Il sera à l’origine de profondes mutations du modèle agricole européen en remettant en cause l’intensification de la production ainsi que la fertilisation des sols par des produits chimiques avec leurs conséquences sur la santé. Dans les années 60-70,l’agriculture biologique apparait peu à peu comme un modèle alternatif ayant le potentiel de répondre à de nouveaux enjeux de société et capable de garantir aux consommateurs une alimentation de qualité[3]. Face à la surconsommation des ressources naturelles, elle est investie d’une mission de préservation de l’environnement. Le développement durable devient l’affaire de tous.

Depuis deux décennies, les préoccupations environnementales et le lien entre agriculture, alimentation et santé ont été accentués par une série de crises sanitaires. L’encéphalopathie spongiforme bovine entre 1996 et 2000, la fièvre aphteuse en 2001, la grippe aviaire en 2005, la crise du concombre en 2011, ainsi que des mises en accusation touchant certains procédés comme les OGM en 2012.

A Bruxelles, la demande de produits frais, locaux et durables ne cesse de croître. On ne compte plus les projets alternatifs tant dans le domaine de la production, de la commercialisation que dans celui de la distribution, favorisés par le numérique qui permet la mise en relais des multiples acteurs.

En 2015, la Région Bruxelloise a lancé la stratégie : « Good Food, mieux manger, mieux produire – Vers un système alimentaire plus durable en Région de Bruxelles-Capitale [4]», par le biais de sa cellule Agriculture, en collaboration avec Bruxelles -Environnement et aidée de l’apport d’une centaine d’acteurs représentatifs de l’alimentation bruxelloise. L’objectif : construire une vision commune du système alimentaire bruxellois. La Région a commandité une étude sur la viabilité d’un modèle agricole urbain et périurbain qui viserait à convertir à la production maraichère des surfaces peu ou pas utilisées et permettrait la création de 6.000 emplois[5]. L’idée d’une agriculture périurbaine fait son chemin en réhabilitant la culture maraichère.

A l’intérêt suscité chez les consommateurs pour une alimentation saine et durable en circuit court, de nombreux organismes et acteurs de l’agriculture urbaine ont répondu en proposant des formations et ateliers ouverts à tous[6]. Nous nous sommes principalement intéressée aux formations longues et professionnalisantes comme celle proposée depuis 2010 par l’association « Le Début des Haricots »[7] qui prône une relocalisation de l’économie en encourageant la production locale d’aliments. A leur initiative, La Ferme Urbaine, première exploitation en agro-écologie[8] à Bruxelles, a démarré une formation par le travail en maraîchage biologique (contrat de six mois renouvelables quatre fois). Le projet, soutenu par le Ministère de l’emploi dans le cadre du « Programme de transition professionnelle », est destiné principalement àde jeunes demandeurs d’emploi[9]. La formation, axée sur la pratique quotidienne, comprend également des cours théoriques et des visites d’exploitations. Durant la seconde année, une mise en projet ou un stage en entreprise est proposé aux stagiaires. Les concepteurs du projet précisent que « La formation de jeunes à ces métiers agricoles est un moyen de préserver les terres agricoles disséminées dans Bruxelles et parfois laissées à l’abandon. Le projet se veut tout d’abord un objet de promotion et de valorisation d’une activité économique (la production d’aliments) mise à l’écart dans le tissu urbain à l’heure actuelle. Le projet est donc également social et culturel, par l’aspect de formation et de réinsertion socioprofessionnelle de jeunes exclus du système économique. »

Le bonheur est dans le pré

Parmi les demandeurs d’emploi désireux de se lancer professionnellement dans le métier de maraicher se dessine une variété de motivations. Dans un premier temps, faisant suite à diverses expériences professionnelles peu concluantes, se profile l’opportunité d’explorer d’autres voies. Avant de rejoindre la Ferme Urbaine sur les conseils d’ACTIRIS, Pilou avait travaillé chez un fabricant de meubles suédois bien connu : « J’ai trainé dans des entrepôts… du boulot de magasinier, des livraisons et au fur et à mesure… C’était pas du tout ce que je me voyais faire.Je cherchais un travail à l’extérieur. Quand je suis arrivé à la Ferme Urbaine, je ne pensais qu’à une chouette activité pour gagner ma vie.»

En France, Pierre fait une haute école en géographie, suivie d’une formation courte en menuiserie. Pour lui le travail de la terre « Ce n’était pas une vocation à proprement parler. Cela m’est venu par hasard. J’avais déjà travaillé dans quelques potagers et avec des maraîchers et je savais que j’aimais bien ça. Un boulot qu’on aime, qui convient, qui est en adéquation avec ce qu’on est : le travail de la terre pourrait être cela pour moi en tout cas j’aimerais bien.».

A 27 ans, Abdel se dit qu’il est temps de se mettre en route. Après un contrat à la STIB, il entreprend une formation en éco-bâti. : « Et là, j’ai découvert plein de trucs, ouvert les yeux sur plein de choses, sur la santé, sur l’alimentation, sur l’humain, sur le social… » Dans le cadre des stages qu’il doit prester, il aboutit à la Ferme Urbaine : « Je suis venu à la Ferme, il y avait la cabane en construction, c’était le printemps, les petites fleurs… Ce fut comme une révélation, je me suis dit « C’est maintenant ! » J’avais enfin du plaisir à me lever le matin pour venir travailler. »

Chacun questionne son parcours professionnel, sa vision du travail en lien avec les attentes qu’il développe par rapport à celui-ci. La recherche de sens se conjugue avec la question du bien-être.

Pour l’individu, la recherche de sens dans son rapport au travail peut se traduire par une trajectoire qui n’est pas toujours en phase avec les normes sociales dominantes ou les institutions[10]. Les choix de vie peuvent se confronter à des dilemmes, à des choix paradoxaux, à des ruptures. C’est le cas de Christian, infirmier de métier. Il a travaillé trois ans en milieu hospitalier: « Je voulais apporter mon soutien, être plus proche des gens, travailler en équipe. Au fur et mesure, je n’étais plus en accord avec ma façon de faire, ma façon de soigner les gens. On manque, comme infirmier, de moyens, de personnel, il y a une pression, l’hôpital est géré comme une entreprise, il faut rapporter de l’argent. »

SelonGuy Bajoit, nous sommes entrés dans une ère prônant un individu censé chercher en lui les normes qui vont guider sa conduite, faire ses propres choix de manière autonome dont ceux qui conduisent à son bien-être,qui l’amènent à vivre avec passion[11].

« J’ai beaucoup réfléchi à comment j’abordais le soin, poursuit Christian, j’ai quitté l’hôpital mais je voulais rester soignant. Je suis parti trois mois pour faire les chemins de St Jacques. J’ai pris du temps pour comprendre, pour m’écouter et pour me demander ce que j’allais faire.».

Il n’y a pas de remise en cause de l’importance du travail mais plutôt sa coexistence avec d’autres champs sociaux jugés essentiels : le travail, la famille, les relations amoureuses, les loisirs, l’engagement… L’équilibre des centres appartenant à chacun. A son retour, Christian s’intéresse à la naturopathie.Il change sa façon de manger et découvre la fonction soignante de l’alimentation.

La nature comme valeur refuge

Dans un monde dérégulé, la nature se présente comme une valeur refuge ouvrant sur un autre rapport au monde[12]. Le travail de la terre va se profiler comme une alternative possible, comme un engagement, comme un combat pour une juste cause.

Pour Pilou, « Le sens du travail, c’est devenu un plaisir, c’est devenu un besoin de mettre les mains dans la terre, de faire pousser des plantes, j’ai besoin de voir les gens un sourire sur la tête en voyant cela, que ce que nos grands-parents croyaient est toujours là, de voir l’avenir que l’on peut proposer, plus sain, plus propre. »

Comme le souligne une animatrice de la Ferme Urbaine, au-delà d’un bagage technique procuré par la formation « Il s’agit de vivre une expérience et de toucher les stagiaires sur leurs valeurs, de travailler sur le fond. »Le travail de la terre s’inscrit très vite dans un projet de vie globale, porteur d’une réflexion sur un modèle sociétal alternatif. C’est la certitude d’Abdel : « C’est une passion pour un modèle de vie, c’est global, l’alimentation, l’habitat alternatif, la construction écologique, tout est lié et connecté et avec le maraîchage, j’ai appris tout cela ».

La dimension sociale du travail durant la formation de maraîchage occupe une place centrale.

« Et voilà j’ai passé deux ans à la Ferme, dit Abdel, ce n’était pas facile car il y a plein de départs, plein d’arrivées, rien n’est figé, il y a une horizontalité au niveau du rapport humain, du rapport social, et des liens de subordination, des prises de décisions communes. Il n’y a pas de cadre, ce n’est jamais simple mais j’ai pris de l’expérience. C’est un modèle social d’échange humain, de vie en communauté, de communication non violente… je dois encore approfondir et pour cela je dois faire un peu à ma sauce. »

L’apprentissage sur le site de la Ferme Urbaine réinterroge le mode de vivre ensemble dans le modèle que la société propose. Qui amène à l’adhésion au modèle de l’agro-écologie, respectueuse de l’humain et de l’environnement, soucieuse de la terre cultivée. L’agro-écologie est devenue, au fil du temps, un mouvement de critique et de résistance du modèle industriel dominant. Pierre Rabhi considère que le modèle agro-écologique peut être à la base d’une mutation sociale. « Elle est une éthique de vie qui introduit un rapport différent entre l’être humain, sa terre nourricière et son milieu naturel et permet de stopper le caractère destructeur et prédateur de cette relation[13]».

La consommation et le matérialisme sont envisagés comme des menaces. Abdel se dit en colère contre la prison dans lequel on est tous. « La question sur laquelle je me penche actuellement, c’est le cercle vicieux dans lequel on est tous, dans cette prison caractérisée par le capitalisme, la mondialisation. On est prisonniers : avoir un travail, avoir de l’argent pour ne pas être sous les ponts et cela nous freine pour faire ce qu’on veut faire… »Pilou en est conscient : « Ce que j’ai acquis, pu voir et reproduire ici à la Fermed’un côté, ce n’est rien mais c’est énorme. Ce n’est pas chinois de faire pousser les légumes, mais j’avais besoin d’un système pour vivre, pour communiquer, pour voir des gens. Ce que j’ai acquis ici permet la vie en communication avec les autres et de sortir de son cocon de sécurité. Dans ce métier-là, la découverte c’est toute la vie. »

Cette approche n’est pas sans faire penser au mouvement similaire, bien que plus radical, qui a suivi mai 68avec le rejet, par les mouvements contestataires, de la société de consommation et de l’économie productiviste. La prise de conscience en faveur du respect de l’environnement et le souhait d’une nouvelle qualité de vie peuvent s’envisager comme des tentatives d’écologie radicale pour des citadins qui ont tout quitté pour vivre en communautés rurales[14].

Critères de viabilité d’un projet maraîchage urbain

Tous les stagiaires se retrouvent autour d’un même axiome : travailler la terre, cela n’a pas de prix. Pour Pilou et Abdel : « C’est impayable même si on touche moins, car c’est réapprendre un mode de vie, c’est une sensation émotionnelle, c’est travailler et vivre au fil des saisons.»

Si la formation débouche sur des profils d’ouvriers agricoles polyvalents, nombreux sont ceux qui envisagent de s’installer à leur propre compte en tant que producteurs.

Pour Pierre : « Avec ce nouveau travail, cela me pose d’autres questions, comme le fait d’expérimenter dans ce domaine, les possibilités de travailler pour moi, d’être indépendant. C’est important, il faudra que j’y arrive un jour dans la vie. Savoir que ce qu’on fait, on le fait pour soi. C’est un peu fou de travailler pour que d’autres gagnent de l’argent. »

Les futurs maraîchers sont lucides néanmoins. Ils sont conscients qu’en termes de rentabilité absolue, rares sont les acteurs vivant uniquement de leur production.Les défis sont multiples.Abdel en est bien conscient : « Pour me lancer pleinement dans le maraîchage, à une échelle humaine, avec un investissement, il faut du temps et il faut une sécurité à côté. Ceux qui ont une opportunité, cela les aide à se lancer : un terrain de la famille, ou un logement qu’ils ne doivent pas payer… Tu n’es même pas sûr de vendre tes légumes… Avec la difficulté de trouver son créneau de commercialisation, il vaut mieux avoir des gens sensibles et qui soutiennent, qui ne vont pas te lâcher par exemple s’il y a une tempête ou des intempéries… »

Certains dispositifs ont été mis en place pour soutenir les initiatives dans l’agriculture biologique. La Ferme Urbaine à lancé en mars 2015 un « espace-test agricole » à Anderlecht. Ce dispositif permet à des porteurs de projet de tester leur activité professionnelle dans un cadre sécurisé. Pendant la période de test (une à deux années), ils ont accès à une parcelle de terrain, à des infrastructures et à des outils adaptés à leurs besoins afin de cultiver la terre et de vendre leur production.

Le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale a, quant à lui lancé des appels à projets pour soutenir différentes actions dans le domaine de l’agriculture urbaine et notamment soutenir le lancement d’un projet professionnel en agriculture durable[15].

L’accès à la terre est également une question centrale pour les jeunes maraîchers. Une association « Terre-en-vue » rassemble des citoyens, des organisations et des acteurs publics qui souhaitent faciliter l’accès à la terre en Belgique pour des agriculteurs porteurs de projets agro-écologiques.
« En encourageant l’émergence de petits agriculteurs familiaux soutenus par une centaine de consomm’acteurs » témoigne Maarten Roels de Terre-en-vue, « on augmente le nombre d’agriculteurs mais aussi leurs revenus. Il était temps de rendre à la terre agricole sa nature nourricière[16]».

Des projets à taille humaine supposent souvent que le producteur travaille seul sur son terrain. Dans ce contexte, l’apport du bénévolat reste crucial, tant pour les structures sans but lucratif que pour les exploitations commerciales. Par ailleurs, cette activité bénévole est aussi importante dans sa composante de proximité entre producteurs et consommateurs. Avec comme bénéfices de recréer du lien social, des solidarités nouvelles et des ressources partagées.

En ce qui concerne la distribution, des débouchés existent et sont très opérationnels: des plateformes mettent en contact producteurs et consommateurs. « La Ruche qui dit oui » en est une. Les producteurs locaux proposent, via le site internet de la Ruche, une certaine quantité de pommes, de yaourts, de courgettes… Les consommateurs commandent ce qui les intéresse. Une fois que le producteur est assuré d’écouler son stock, la commande est validée. Votre compte est débité. Il faut également mentionner les Gasap, groupes d’achats solidaires reposant sur un système d’engagement à travers un contrat local avec le producteur. Ce qui implique pour les consommateurs de s’engager pour la saison de production à acheter une part de la production de légumes. La proximité de la production répond notamment à la demande de traçabilité des aliments exprimée par les consommateurs dont un nombre toujours croissant reconsidère son modèle alimentaire.La valorisation des circuits courts permet également l’augmentation des bénéfices pour les producteurs.

Néanmoins, peu d’acteurs vivent uniquement de leur production. Et les débuts sont difficiles. La plupart doivent trouver des activités complémentaires notamment dans les débuts de leur installation : dans la sensibilisation ou l’éducation à l’environnement notamment vers des écoles, dans la diversification des produits ou dans un emploi saisonnier lorsque la terre se repose.

Soigner la terre

Si l’agriculture urbaine et péri-urbaine s’inscrivent dans l’évolution du monde agricole, dans le changement de notre vision de l’agriculture et dans une transformation lente mais profonde du rapport des consommateurs à l’alimentation, elle est aussi porteuse de nouvelles utopies, de nouvelles façons de vivre ensemble. Partout, des citoyens réfléchissent à rendre la vie plus durable, à retrouver une souveraineté alimentaire et aux mesures à mettre en œuvre pour y parvenir. Les projets portés par les néo-agriculteurs témoignent d’une puissance d’agir et du désir de sortir de la place qui leur est assignée. « Mon rêve, dit Laurent, ce serait de créer une ferme-test, proche de la ville et proche des gens, qu’ils puissent accéder à une nourriture propre mais accessible où ce sera normal de manger bio. Il y aurait un échange : ceux qui arrivent avec leur panier et donnent ce qu’ils peuvent et d’autres qui donnent plus. C’est là qu’il y aura une réflexion éthique. »

Soigner la terre : cette injonction est au cœur des échanges qui animent les stagiaires et les bénévoles sur le terrain de la Ferme. Elle entre en résonance avec la pensée de Pierre Rabhi, qui promeut un changement de paradigme : « Du toujours plus au mieux-être, pour une « sobriété heureuse », avoir une spiritualité de la terre, comme l’arbre a des racines jusqu’au ciel. » Comme l’envisage Christian : « Il faut soigner la terre, chacun pourrait faire un travail qui lui permet de soigner la terre. Je ne pourrais pas faire cela seul, je dois me faire un réseau.»

L’engouement pour le retour à la terre nous amène à nous interroger sur le rapport au travail qu’entretiennent les jeunes maraîchers. Dominique Méda et Patricia Vendramin, qui se sont interrogées sur les générations dans leur rapport au travail, suggèrent que « Les jeunes générations recherchent une cohérence entre le travail et la vie en termes de sens et de valeurs, ce qui les amène, relativement souvent, à préférer l’insécurité dans un emploi qui a du sens plutôt que la stabilité dans un travail qui n’en a pas. Ils ont moins peur de l’instabilité que les générations précédentes ; ils semblent envisager la précarité comme un événement « normal » mais transitoire[17]».

Pour Christian, Pilou, Abdel et Pierre, la quête de sens et de plaisir au travail occupent une place primordiale, quitte à ne pas s’y retrouver financièrement. Les retombées sociales et environnementales feront le compte !

NOTES/REFERENCES

[1] La Ferme Urbaine propose à ceux qui le souhaitent de venir cueillir eux-mêmes leurs légumes sur le terrain afin d’expérimenter un autre mode de commercialisation de ses produits maraîchers.

[2] Fnab.org – Histoire de l’agriculture biologique et création de la FNAB

[3] En juin 1972 à Stockholm se tient la première conférence mondiale sur l’environnement de l’Organisation des Nations Unies, dont est sorti le Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Rappelons que le premier principe de la déclaration de Stockholm affirme le droit de chacun de vivre dans un environnement sain, lui permettant de vivre dans la dignité et le bien-être.

[4] Le 31 mars 2015 se tenait à Bruxelles un colloque ayant pour thème « Actions de transition du système alimentaire vers plus de durabilité ».

[5] L’espace agricole est rare à Bruxelles. Il représentait 268 hectare en 2010 dont seulement 2% consacrés au bio. Le reste est exploité en agriculture conventionnelle pour la production de pommes de terre, de blé et d’orge.

[6] Subsidiés par Actiris dans le cadre du Programme de formation par le travail, la Mission Locale d’Ixelles et « Jeunes Schaerbeekois au travail » proposent, en autres, une formation au maraîchage biologique sur Bruxelles. La ferme Nos Pilifs, quant à elle, forme de jeunes autistes au maraîchage.

[7] L’association « Le début des haricots » lutte depuis 2005 pour la protection de l’environnement, l’économie sociale, la mobilisation et la sensibilisation citoyennes et contre les problèmes que génèrent la pollution et les dérives du système industriel. Elle promeut une agriculture paysanne.

[8 A la fois discipline scientifique, mouvement social et ensemble de techniques agricoles, l’agroécologie est née d’une prise de conscience des dégâts provoqués par l’agriculture intensive sur les éco-systèmes mais aussi sur le modèle alimentaire. Elle considère le respect de la terre nourricière et la souveraineté alimentaire des populations sur leurs territoires comme les bases essentielles à toute société équilibrée et durable » (source : consoglobe).

[9] Parmi les conditions pour être sélectionné pour le projet, il faut bénéficier d’allocations d’attente ou du droit à l’intégration sociale ou d’une aide sociale financière, sans interruption, depuis au moins 12 mois (9 mois si moins de 25 ans) ou d’allocations de chômage, sans interruption, depuis au moins 24 mois (9 mois si moins de 25 ans).

[10] Vendramin P., Cultiaux J., Les générations face aux mutations du rapport au travail, in : Actes du colloque « Jeunesse au travail : rapports intergénérationnels et dynamiques professionnels », Brest, 2008.

[11] Bajoit G., Socio-analyse des raisons d’agir, Études sur la liberté du sujet et de l’acteur, Québec, Presses de l’Université Laval, 2010.

[12] Fabre N., Le retour à la terre,  mythe ou réalité  ?, ed. Altermondialisation France-Belgique, 2016.

[13] http://www.pierrerabhi.org/la-nature-sous-agro%C3%A9cologie

[14] Hervieu B., Hervieu Leger D., Les communautés rurales et les premières migrations utopiques de l’après 68, Utopies rêvées, utopies pratiquées. 1997.

[15] Toujours dans le cadre de sa stratégie « Good Food », évoquée plus haut.

[16] Bailly O., Terre-en vue, pour que la terre nourrisse, in : Focales n°21, novembre 2015.

[17] Méda D., Vendramin P., Les générations entretiennent-elles un rapport différent au travail ? http://sociologies.revues.org/3349.

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